La réforme explosive des chefferies traditionnelles à l'ordre du jour

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Fri, 11 Apr 2025 Source: www.camerounweb.com

Alors que le pays se prépare pour la prochaine présidentielle, un projet de réforme du décret de 1977 sur l'organisation des chefferies traditionnelles refait surface. Ce texte prévoit un reclassement de certaines entités coutumières au rang de chefferies de premier degré, avec une actualisation des critères de reconnaissance et une régularisation des situations litigieuses. Présentée comme une modernisation nécessaire, cette réforme vise officiellement à renforcer la représentativité des autorités traditionnelles dans les conseils régionaux, conformément à la Constitution de 1996.

Les implications de ce changement pourraient s'avérer considérables. En redéfinissant la hiérarchie des chefferies, le texte modifierait en profondeur les équilibres de pouvoir locaux. Certaines dynasties traditionnelles verraient leur statut revalorisé, tandis que d'autres pourraient perdre des prérogatives acquises depuis des décennies. Cette réorganisation intervient dans un contexte particulier, à quelques mois d'une élection présidentielle où le contrôle des territoires pourrait s'avérer décisif.

Cependant, le projet ne manque pas de susciter des inquiétudes. De nombreux observateurs craignent que cette réforme ne ravive d'anciennes querelles de succession ou ne crée de nouvelles tensions dans des régions déjà fragilisées. La question de la légitimité des nouveaux chefs reconnus, ainsi que les critères de leur sélection, pourraient donner lieu à des contestations locales. Certains y voient également un risque d'instrumentalisation politique des institutions traditionnelles.

Si adoptée, cette réforme marquerait une étape importante dans l'évolution des rapports entre l'État et les autorités coutumières. Elle pourrait notamment accroître l'influence des chefs traditionnels dans la gouvernance locale, tout en posant des questions sur leur indépendance réelle vis-à-vis du pouvoir central. Alors que les consultations se poursuivent, le gouvernement devra trouver un équilibre délicat entre modernisation institutionnelle et respect des équilibres traditionnels.

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