Interviewé en qualité d’invité du journal de 13 heures ce 9 mars, l’enseignant de sciences politiques et de droit public n’a pas cru devoir afficher la prudence qui caractérise les universitaires proches du pouvoir de Yaoundé.
A titre d’exemple, son collègue Marcellin Nguele Abada, chargé de mission dans les services du Premier ministre insiste sur le caractère particulier de la session de mars, à savoir l’élection des membres des bureaux des deux chambres. Pour le chef de département d’intégration et de coopération pour le développement à l’IRIC va plus loin dans l’évocation des attentes de la session.
Il assure que les bureaux des deux chambres vont conserver leurs équilibres actuels. Sur l’éventualité de la révision constitutionnelle, Messanga Nyamdig affirme qu’elle est certaine. Sa supputation de chercheur repose dit-il sur la connaissance des réalités du RDPC, de son président Paul Biya, en sa qualité de membre du comité central du parti majoritaire.
Les deux chambres du parlement reprennent du service ce jeudi 10 mars. Le matin, les députés vont se retrouver autour de Cavaye Yeguié Djibril pour l’ouverture solennelle de la session de l’Assemblée Nationale. Les sénateurs prendront le relai dans l’après-midi au palais des congrès de Yaoundé sous la conduite du président de la chambre haute, Marcel Niat Njifendji.
Les préparatifs de la double session sont pratiquement bouclés et les élus de la nation sont bien installés à l’hôtel des députés et à l’hôtel Mont Fébé. Habituellement la session de mars marque le début de l’année parlementaire avec une nouvelle formation des bureaux des groupes parlementaires, des chambres puis des commissions statutaires. On ne peut éviter le contexte qui a précédé la session.
Celui-ci a été marqué par ses multiples appels des partisans du président Paul Biya, le pressant de réviser la constitution pour introduire dans le code électoral la possibilité d’anticiper l’élection présidentielle de 2018.
Pour les observateurs, le RDPC étant doté d’une majorité écrasante dans les deux chambres. Il a toutes les cartes pour orienter les débats et des délibérations des trente prochains jours. Pour permettre à Paul Biya d’anticiper dès cette année, l’élection présidentielle, il faut revoir la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996 puis retoucher le code électoral. La révision constitutionnelle doit normalement imposer la convocation d’un congrès.
C’est l’instance qui met ensemble, députés et sénateurs, qui peut réviser la constitution. Les rumeurs laissent alors entendre que ce pourrait être l’occasion de revenir à la limitation des mandats présidentiels, de revenir au quinquennat pour le mandat présidentiel, de donner enfin un statut à l’opposition. Plus loin, l’imagination de certains évoquent une probable amnistie.
Des supputations qui n’ont pas jusqu’ici fait l’objet d’un début de confirmation. Au contraire, certains y voient une inadéquation avec la ligne politique en vigueur ces dernières années au Cameroun.