Marché de Sangmélima
Le marché moderne de Sangmélima serait-il devenu cet autre éléphant blanc qu’on voit fleurir sur les flancs du régime du Renouveau ? C’est l’impression qui s’est dégagée à travers moult commentaires entendus çà et là, la semaine dernière, à la suite d’une vidéo qui tournait en boucle sur plusieurs plateformes numériques. « Sos : le marché moderne de Sangmélima construit en 2019 pour plus de 4 milliards est aujourd’hui dans la broussaille », ironise à propos un bloggeur qui n’arrive pas à comprendre qu’un ouvrage financé dans la ville natale du chef de l’État puisse connaître un sort aussi pathétique, sous les yeux des élites, du gouvernement et même des autorités administratives. Spécialiste de la contre-enquête, votre journal a voulu savoir ce qui se passe dans cette histoire.
Pour la petite histoire et de sources concordantes, il revient qu’à la suite d’un incendie ayant réduit en cendres, le 23 mars 2020, le marché central de Sangmélima, le président Paul biya a aussitôt instruit que soit érigé un nouveau marché moderne au lieudit Loboyat. Sous la houlette du ministère de la Défense, les sapeurs du génie militaire, bras séculier de l’état qui permet de réaliser des infrastructures de bonne qualité à coût relativement bas, vont lancer la construction d’un L complexe commercial sur près de 4 hectares. Il comprend un secteur administratif, un secteur destiné aux opérateurs économiques, alimentation, quincaillerie, petits commerces et vivres, vivres frais, cosmétiques, boucherie et magasins, commerce et poissonnerie, friperie, restauration populaire, un secteur loisirs et restauration, une infirmerie. On dénombre 1000 places marchandes pour 11 secteurs d’activités répartis sur 20 bâtiments avec 162 boutiques, 7 hangars couverts, 4 blocs de toilettes de 12 WC par bloc ainsi que des chambres froides.
L’ouvrage financé par le Feicom à hauteur de près de 4 milliards de FCFA se veut à vocation sous-régionale. Pour le maire de Sangmélima de l’époque, André Noël Essian, « ce marché moderne se veut à vocation sous-régionale, tourné vers la sous-région Afrique centrale, une place économique et un lieu d'échanges dans la perspective de l'achèvement du projet routier Sangmélima-Ouesso qui va dynamiser le commerce entre le Cameroun, le Congo et plus loin, l'immense marché d'environ 80 millions de consommateurs en République démocratique du Congo ».
Le nouveau marché, don du chef de l’État est inauguré en novembre 2019 pour sa mise en service. Son inauguration a eu lieu le 8 novembre 2019. Tous ceux qui ont visité ce marché moderne de Sangmélima ce jour-là sont unanimes. Pour eux, il est incontestablement l’un des marchés les plus beaux de la sous-région Afrique centrale avec une capacité impressionnante. Une voie d’accès au marché d’une longueur d’environ 2 kilomètres relie la voirie urbaine par un giratoire équipé de feux tricolore. On y retrouve des parkings, des facilités de circulation et des mesures de sécurité incendie.
Problèmes majeurs
Seulement, apprend-on aujourd’hui, l’absence de certaines commodités ne permet pas une mise en service effective du marché. Il s’agit particulièrement des voies d’accès au nouveau marché ; le manque d’alimentation en électricité ; l’insuffisance de l’offre en eau potable ; l’insuffisance d’infrastructures d’approche telles que les gares routières et aires de stationnements ; les magasins de stockage des marchandises et même l’insuffisance des toilettes. De l’avis de certains observateurs avisés, la recherche des solutions aux problèmes soulevés par les commerçants constitue un préalable à toute initiative de relance de la mise en service de ce joyau. Selon des langues qui se délient dans les rangs des commerçants, le ministère des travaux publics a initié plusieurs actions : la construction et le bitumage de la voie d’accès principale Meyo-Loboyat d’une longueur de 4,6 Km ; le reprofilage de la route marché Loboyat-Ako’oloui de 10 Km. Pour ce qui est du Feicom, les actions suivantes ont été posées : la construction de 2 gares routières modernes avec 2 blocs-toilettes à 6 compartiments chacun et la construction d’un forage à énergie solaire de 16 robinets. Par ailleurs, croient savoir nos sources, quelques problèmes majeurs entravent aujourd’hui la mise en service effective du marché de Loboyat.
Parmi ceux-ci, on peut citer l’électrification des voies d’accès au marché pour des mesures de sécurité des personnes et de leurs biens ; la réhabilitation des boutiques vandalisées par des malfrats dont le devis est plus de 20 millions de FCFA ; la sécurisation du marché avec le concours des autorités et des forces de sécurité, quand on sait que le site du marché de Loboyat se trouve dans une zone enclavée. Face à toutes ces difficultés, nos sources indiquent que les différentes administrations concernées ont été saisies au plus haut niveau, pour que les solutions soient trouvées dans de très brefs délais. Ceci, dans le but de rendre le marché moderne de Sangmélima opérationnel. Il s’agit notamment, apprend-on des sources entrecroisées, du secrétaire d’État auprès de la gendarmerie nationale, du directeur général du Feicom, du préfet du département du Dja et Lobo, du ministre de l’Eau et de l’Énergie, du maire de la ville de Sangmélima et du ministre de la Décentralisation et du Développement local. Voilà qui est dit.
