Le lanceur d'alerte Boris Bertolt retrace comment les choses se sont passées dans l'ordre chronologique. Au regard de tout ce qu'il dit, on se rend vraiment compte que l'ancien capitaine de la sélection nationale n'avait pas vraiment le choix. Samuel Eto'o Fils était contraint à la reddition.
Voici comment Samuel Eto'o Fils a perdu sa bataille contre l'état. 24 heures chrono. D'emblée, contrairement à ce qui circule, le staff des Lions indomptables nommé par l'État du Cameroun n'a connu aucune modification. Toute modification du staff ne peut que respecter les formes connues, liées à la Convention de 2015.
Si l'initiative était de l'État, le ministère des Sports ferait une "proposition" pour des nominations à des postes précis, à l'attention de la très haute hiérarchie, laquelle, via le SGPR, lui retournerait le très haut accord de la présidence de la République. Si l'initiative venait de la Fecafoot – et à supposer même que dans les conditions actuelles les deux parties se seraient entendues – les propositions feraient d'abord un tour au Minsep pour l'avis obligatoire ne serait-ce que pour remplir les formes légales. Il n'y a rien de ces deux démarches.
L'État n'a fait aucune concession à Samuel Eto'o Fils, conscient que tout recul, d'un centimètre fût-il, consacrerait la victoire de ce dernier et ragaillardirait ses partisans dont certains, à l'image de ce douanier, font feu de tout bois ici et là, sapant au passage l'autorité de l'État dans un environnement de fin de règne.
Tout s'est en réalité joué le 29 mai 2024. Le ministre des Sports, Narcisse Mouelle Kombi, a convoqué une réunion à son ministère. Samuel Eto'o Fils n'y va pas et se fait représenter. Sauf qu'en début de soirée, il est convoqué par le délégué général à la sûreté nationale (DGSN), Martin Mbarga Nguélé, qu'il connaît bien, lui propose deux alternatives sur la table : ou arrêter son cinéma ou être confronté à la toute-puissance de l'État.
L'entretien ne s'est pas bien déroulé ; le patron de la police reprochant à Samuel Eto'o Fils d'avoir créé un incident diplomatique avec la Belgique et d'avoir "jeté" dehors un haut fonctionnaire de l'État en mission en la personne de Cyrille Tollo, conseiller technique au Minsep.
Toujours dans la nuit du 29 mai, Samuel Eto'o Fils a échangé avec un proche à la PRC qui lui a dit que "la situation est très mauvaise pour toi, mon petit frère", mise en garde qui en rajoutait à un rouleau compresseur qui écrasait déjà de son poids quelques collaborateurs fraîchement nommés dans son "staff". L'un et l'autre parachutés dans des coins perdus de la République.
Le même soir, il est reçu à la présidence de la République en même temps que le ministre des Sports. L'ambiance est lourde. L'État sort les muscles. Devant lui, un important dossier comportant toutes ses frasques y compris les auditions des joueurs. Samuel Eto'o Fils s'excuse. Mais, cela ne suffit pas. Il est sommé de mettre en application les nominations du chef de l'État.
Le 30 mai 2024 au matin, encore sous l'effet de la douche froide du DGSN de la veille et de la réunion catastrophique à la présidence de la République, Samuel Eto'o Fils décide de convoquer Brys et ses deux assistants pour faire "la paix" et rassurer l'État. Il veut également sauver la face pour se ménager une sortie honorable. Ses partisans croient en sa toute-puissance et il faut leur servir quelque chose. Mais c'est sans compter sur la malchance.
Sauf que Marc Brys et ses adjoints sont convoqués pour 11h. Or, à cette heure, ils sont attendus à l'ambassade de Belgique où ils doivent être entendus par l'ambassadeur sur les événements survenus lundi à la Fecafoot. Dans un premier temps, ils ne veulent pas se rendre à la Fecafoot. Sauf qu'en compagnie de Cyrille Tollo, conseiller technique au ministère des Sports, ils sont invités à y aller. L'État a connaissance d'avoir déjà trouvé la solution, il s'y rend.
Mais au moment où se jouent ces épisodes, Pagou, entraîneur adjoint, abandonne le bateau très tôt, il était en pourparlers avec le Minsep depuis quelques jours mais à trop attendre, le couperet s'est abattu sur sa tête. Ntoungou Mpile, lui, est quasiment en résidence surveillée. Il ne peut sortir de chez lui. Il a encore l'énergie de la résistance, mais les arguments du Premier ministre Joseph Dion Ngute qui lui parle en homme d'État auront raison de lui. Il rédige une attestation qui vaut démission. Eto'o est dépouillé, malgré lui, de deux atouts dans sa résistance et c'est en homme abattu qu'il reçoit Brys.