Dans une interview accordée au quotidien Mutations de ce mercredi 17 février 2016, l’anthropologue Francois Bingono Bingono démontre le bien fondé d’une initiation mystique au sein de la société camerounaise. D’après lui, la sorcellerie vient du mot «Ewu» qui veut en réalité dire «prospérer».
C’est une énergie qui «fait partie des constituants structurels de l’être humain, car l’homme est fait de corps et d’esprit», explique-t-il. Mais pour bénéficier de cette énergie, il faut l’activer avec l’aide d’un initiateur.
La sorcellerie relève donc de tout ce qui est extraordinaire. De ce fait chacun est libre de la mettre au service du bien ou du mal, d’ou la sorcellerie positive et la sorcellerie négative. Pour Francois Bingono Bingono, président de l’Association des sorciers du Cameroun, il est tout à fait possible de vaincre Boko Haram par le pouvoir initiatique, «dans la mesure où tout ce qui arrive ici bas a d’abord été fomenté dans le monde spirituel.
Il n’y a pas de pratique quotidienne ou de pratique sociale qui ne connaisse une petite origine ou un petit lien avec la spiritualité. Donc même la guerre tire d’abord ses origines du monde mystique», explique-t-il dans les colonnes du journal.
Francois Bingono Bingono est certain que des cultes mystiques et de sarabandes nocturnes sont pratiquées avant d’être réalisées dans la journée. «Et c’est en cela que j’estime que le pouvoir initiatique peut investiguer dans les origines, dans les accointances entre les acteurs de Boko Haram et les mysticismes». Selon l’anthropologue, les colonisateurs qui ont pénétré au Cameroun par Kribi s’étaient heurtés à un pouvoir mystique terrible.
Les populations locales ont utilisé le «Misong », les abeilles et autres élément de la nature pour contrer l’arrivée des allemands. Ils sont rentrés chez eux et ils ont envoyé des missionnaires pour déposséder les africains et les camerounais de la côte de leur pouvoir traditionnel et leur pouvoir mystique. «Ceci vous ne le verrez pas dans les livres d’histoire », affirme-t-il.
Francois Bingono Bingono dit être un initié mais avoue n’avoir jamais initié personne. Pour venir à bout de Boko Haram, il serait question de rassembler les initiés qui sont des maîtres. «Ils ne demanderont pas des moyens pour s’en mettre plein les poches» mais le stricte minimum pour se déplacer dans la région de l’extrême Nord.