L'affaire Savannah a été récemment associée à une vendetta orchestrée par Paul Biya à l'encontre du Tchad, en raison d'un accord préliminaire entre les deux pays qui avait été conclu, mais qui n'a jamais été concrétisé par l'ancien président tchadien, Idriss Deby, et son fils, l'actuel président.
« L'attitude passée du Tchad sur ce dossier a laissé des traces à Yaoundé. Lors du rachat par la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT) des 25% de Chevron sur les champs de Doba, et donc de la même part dans Cotco et Totco, en 2014, le Cameroun avait demandé que la SHT lui cède une partie. Malgré un accord de principe de l'ancien président Idriss Déby (1990-2021), la partie tchadienne n'avait pas donné suite », a expliqué le média Africa Intelligence.
« Près de dix ans plus tard, et après l'annonce en 2021 de la vente des parts d'ExxonMobil et Petronas au Tchad, un proche de Biya, l'ancien ministre camerounais Amadou Ali, était parti le 15 avril 2022 pour rencontrer Kaka, et lui demander à nouveau que le Tchad accepte de céder à son pays une partie des pourcentages autrefois entre les mains d'ExxonMobil et Petronas.
Un accord de principe du dirigeant tchadien avait alors été donné, sans lendemain. En novembre, le secrétaire général adjoint de la présidence camerounaise, Elung Paul Che, avait rencontré le ministre des finances Tahir Hamid Nguilin et son collègue au pétrole Djerassem Le Bemadjiel, à N'Djamena, mais, encore une fois, aucun accord de cession n'avait été signé », a précisé le quotidien.
Africa Intelligence révèle par ailleurs que « depuis son arrivée au pouvoir voilà deux ans, le président tchadien tente de rencontrer son homologue camerounais Paul Biya, mais ses multiples demandes sont restées sans réponse. Il aura fallu attendre le sommet de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), le 17 mars, à Yaoundé, pour que "Kaka" puisse s'entretenir enfin du dossier Savannah Energy avec Biya. Durant la rencontre, le président camerounais a fait mine de ne pas être informé, laissant le soin aux équipes de la SNH d'échanger avec le ministre tchadien du pétrole Djerassem Le Bemadjiel. Resté cinq jours au Cameroun, l'officiel tchadien est parti sans aucune garantie de soutien de l'administration camerounaise quant à la stratégie tchadienne de nationalisation des actifs cédés par Exxon à Savannah.»