Comme à Bamenda dans la Région du Nord-Ouest, la vie n’a toujours pas repris son cours à Buea dans la Région du Sud-Ouest. Dans son édition du 7 février 2017, le quotidien Le Jour rapporte qu’hier, à l’école publique d’application de Muea, il n’y avait même pas l’ombre d’un élève. «Dans un coin de la grande cour déserte, treize enseignants assis sur des chaises ont formé une ronde et discutent à voix basse», raconte le quotidien.
Dans cette école, les cours n’ont pas repris malgré le fait que le mot d'ordre de grève ait été levée par les leaders de syndicats des enseignants anglophones. Les instituteurs approchés par le journal font bouche-cousue à l’absence du proviseur. Ils invitent tout simplement le reporter du journal à observer et à se faire sa propre idée.
De l’observation faite par le journaliste, il en ressort premièrement que «toutes les portes sont fermées à clé, à l’aide de grosses chaines ou de cadenas. A travers les grilles des fenêtres métalliques, on peut apercevoir d’épaisses couches de poussière qui embaument les tables-bancs. Le sol semble n’avoir pas reçu un coup de balai depuis des lustres».
Autre constat au niveau des bâtiments du Groupe 1 de l’école, le décor est quasi le même. Depuis le 9 janvier dernier jour de la rentrée scolaire les élèves n’y ont pas mis le pied. Les communiqués qu’on peut encore lire sur le babillard datent du 27 octobre 2016. «Nous ne sommes pas contentes. Nous sommes là parce que nous sommes intimidées. Si nous ne venons pas, notre matricule sera relevé et nous aurons des problèmes. Nous ne sommes pas contentes parce que revenir à l’école, c’est comme trahir ceux qui luttent pour notre bien-être et qui sont incarcérées», confie au quotidien une enseignante sous anonymat.
Il faut dire que la situation diffère au lycée bilingue de Molyko. Les élèves de la section francophone ont regagné les salles de classe. Même si les effectifs restent minces. Sur près de 260 inscrits, on compte à peine 84 présents. Ici, quelques élèves anglophones ont aussi repris le chemin de l’école. Le proviseur de l’école déplore tout simplement le fait que les parents continuent de garder leurs enfants à la maison.
Seulement, il faut noter que les enseignants qui dispensent les cours sont victimes de menace d’individus non identifiés. «Deux de mes collègues sont allés donner cours dans la section francophone. Trois heures après leur passage, elles ont reçu des appels de menaces. Nous avons le désir de venir enseigner mais nous ne pouvons pas risquer nos vies. Il n’y a pas de paix. Certains d’entre nous se rendent au lycée en cachette», confie un enseignant du lycée bilingue de Molyko qui requiert l’anonymat.