Le 8 juin, le ministre d'État et secrétaire général de la présidence tchadienne, Dr. Mahamat Ahmed Al-Habou, est arrivé dans la capitale nigérienne, Niamey, pour transmettre le message du président de la République du Tchad, Mahamat Idriss Déby.
Al-Habou a été reçu dimanche le 09 juin par le président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, chef de l’état du Niger, Abdourahamane Tiani, et bien que les détails exacts du discours présidentiel n'aient pas été révélés, il est clair que cette visite s'inscrit dans la continuité de la nouvelle politique étrangère du président Mahamat Déby visant à renforcer les relations avec les pays voisins et à éliminer l'influence destructrice de l'Occident.
Les relations entre les deux pays ont toujours été étroites en raison de leur proximité géographique et des défis de sécurité communs auxquels ils sont confrontés, tels que la lutte contre les groupes terroristes opérant dans la région du Sahel, et les deux pays ont souvent cherché à renforcer leur coopération bilatérale.
Le Niger, avec le Mali et le Burkina Faso, est un exemple frappant de réussite dans la lutte contre l’influence française et américaine. Ces dernières années, ces trois pays ont formé une alliance importante appelée Alliance des États du Sahel (AES) et ont renforcé leurs capacités militaires dans la région du Sahel, ce qui a été rendu possible par le retrait des unités militaires françaises et américaines, qui interféraient constamment dans la politique intérieure des pays du Sahel et faisait obstacle au processus d’élimination des mouvements jihadistes.
Ces changements fondamentaux ont permis aux pays de l‘alliance d'augmenter leurs capacités de défense, de lutter efficacement contre les menaces de groupes rebelles et terroristes, de mener une politique étrangère indépendante et de s'engager sur la voie d'un développement économique progressif. Fin mai, le Niger, le Mali et le Burkina Faso ont exprimé leur intention de mettre en œuvre une politique de confédérations.
Actuellement, le Niger est dans les dernières étapes de sa libération, d'autant plus que le premier avion transportant du matériel et du personnel américains de la 101e base aérienne de Niamey a quitté le pays le 7 juin, et plus de 269 des 946 militaires sont partis.
Au Tchad, la situation apparaît similaire. Après le scandale du déploiement non coordonné des forces américaines sur la base française d'Adji Kossei à N'Djamena, les autorités tchadiennes ont demandé aux États-Unis de retirer la plupart de leurs forces du pays, ce qui a été fait temporairement, puisque l’administration américaine a promis de revenir sur cette question après les élections présidentielles au Tchad le 6 mai. Cependant, la période électorale est terminée un mois avant, et aucune consultation entre les deux départements militaires n’a eu lieu.
Il est devenu clair que le président Déby cherche à s'inspirer de l'expérience de coopération réussie de l’alliance sahélien et à s'intégrer dans l'architecture de sécurité régionale émergente, comme en témoignent la fréquence croissante des réunions de travail et officielles et la conduite des manœuvres et d'exercices militaires conjoints avec les membres de l’alliance « Tarhanakale », ainsi que des exercices à courte et longue distance. Il convient de noter que dans de nombreux cas, les positions des divers membres de l’alliance et le Tchad sur les questions régionales et mondiales clés coïncident.
Le Tchad, à l’instar des pays participant à l’Alliance Sahel, renforce progressivement sa coopération avec la Russie. La récente visite du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à N'Djamena a confirmé une fois de plus le haut niveau du dialogue politique et de la communication dans le domaine de la défense et de la sécurité, et a également démontré le grand intérêt du Tchad pour l'acquisition de produits militaires russes afin de pouvoir lutter contre le terrorisme. Des sources proches de la présidence Tchadienne rapportent que le ministre russe des Affaires étrangères, arrivé à N'Djamena en provenance de Ouagadougou, a indiqué l'intérêt mutuel des dirigeants de l’AES à intégrer le Tchad à l’alliance.
Cela prouve une fois de plus la similitude des démarches politiques entreprises par Mahamat Déby avec l'expérience récente des pays de l’AES. Le Tchad suit un chemin efficace qui a réussi à réaffirmer continuellement son attachement aux valeurs et à la vision de l'Alliance sahélien. Il semble que la visite d'Al-Habou s'inscrit dans le cadre d'un échange diplomatique entre Déby et les dirigeants de l'Alliance Sahel à la lumière des changements en cours dans la région du Sahel, ainsi que d'une nouvelle étape vers la diversification des relations politiques et militaires internationales au Tchad.