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Lamidat de Tchéboa : une femme intronisée notable

Elle va occuper le poste de « Guimbiya 1

Fri, 11 Mar 2022 Source: www.camerounweb.com

Elle s’appelle Rachel Baringne Djedai

Elle a été intronisée 8 mars dernier à Ngong

Elle va occuper le poste de « Guimbiya 1

Les traditions évoluent petit à petit au Cameroun. Il y a encore quelques temps, une femme ne pouvait pas occuper certains postes de notabilité. Mais avec le temps, les choses changent. C’est la première fois dans l’histoire des lamibés du Nord Cameroun, qu’une chrétienne occupe un poste stratégique dans la cours de la « fada » d’un lamidat. Rachel Baringne Djedai a été intronisée le 8 mars dernier à Ngong, comme notable de cette chefferie traditionnelle. Elle va occuper le poste de « Guimbiya 1 », une sorte de responsable en charge des affaires féminines du lamidat. En clair, c’est cette dame qui va juger les affaires féminines, qui va leur servir de conseillère, et qui va les mobiliser le temps d’un rassemblement. En l’enturbannant en présence des autres notables, ainsi que des autorités administratives et municipales locales, Sa Majesté Moussa Aboubakary, le lamido de Tcheboa, lui a recommandé notamment de rassembler autour d’elle toutes les femmes du lamidat afin d’œuvrer aux côtés du lamido pour les questions relatifs à l’éducation, l’autonomisation des femmes, la santé et la lutte contre les violences faites aux femmes.

Au Cameroun, les notables jouent un rôle de premier plan dans les chefferies traditionnelles. Chez les musulmans, le conseil des notables, appelé « faada », prend des décisions en concertation avec le lamido. C’est à eux que revient, le plus souvent, la lourde charge de désigner le successeur du chef à sa mort. Et jusqu’en 2016, la faada avait toujours été constituée exclusivement d’hommes. Lorsqu’il a intronisé les premières femmes, le lamido Mohaman Gabdo Yaya a donc averti ses sujets : « Elles ont un rôle à jouer. Elles ne sont pas là à titre honorifique ou pour amuser la galerie. Elles sont notables, au même titre que les hommes. »

« Je suis allé à l’école avec des femmes qui étaient plus brillantes que moi, soutient l’homme, drapé dans une gandoura immaculée. Je recherche l’efficacité. Même pour leurs homologues masculins, je n’ai jamais voulu de notables qui défilent autour de moi à longueur de journée, comme à l’époque de mes ancêtres. Je veux qu’ils s’investissent dans des actions concrètes qui ont un impact sur notre société. »

Après ce « premier pas historique », d’autres lamidos ont emboîté le pas à Mohaman Gabdo Yaya. Aujourd’hui, dans les régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord, elles sont en tout 39 femmes notables, nommées à vie, aux profils divers (étudiantes, femmes au foyer, humanitaires…). Cependant, plusieurs chefferies n’ont pas suivi le mouvement. Ce qui ne décourage pas Françoise Baba, notable et présidente de l’Association des femmes et filles de l’Adamaoua (Affada), qui milite depuis plus de dix ans pour changer les conditions de vie de ses « sœurs et filles ».

Elle a sillonné presque toutes les chefferies du Grand Nord pour convaincre les lamidos d’associer les femmes aux postes à responsabilités de leurs localités. Certains chefs ont été réceptifs à son message, d’autres lui ont fermé leur porte. Une fois, elle a même dû fuir nuitamment un village sous la menace des hommes. « Je les comprends, car durant des siècles ils étaient les seuls notables dans le Grand Nord. C’est une première pour eux de voir des femmes à ce poste. Aujourd’hui, nous essayons de leur faire comprendre qu’on ne peut plus gérer notre société sans nous », dit-elle.

Source: www.camerounweb.com