Des victimes du déraillement du train sont obligées d’aller acheter des produits signalés « indisponibles » à la pharmacie de l’hôpital.
Monique Kouang et Marie Laure Nsia n’ont pas perdu des proches dans le déraillement du train survenu à Eséka vendredi 21 octobre 2016. Mais les deux soeurs affectées par ce sinistre ont décidé d’apporter un peu de réconfort aux blessés internés à l’hôpital Laquintinie de Douala. Ce mardi 25 octobre 2016, elles ont débarqué au sein de la formation hospitalière avec deux gros sacs remplis d’eau minérale, de pain, de sardine, de yaourt et de fruits. Monique et Marie veulent se rendre au chevet des victimes pour procéder à la distribution. Mais les sacs sont trop lourds.
Le reporter est appelé à la rescousse et rejoint l’action humanitaire. Il faut effectuer le tour des différents pavillons. Les blessés sont internés dans les services Orl, Chirurgie, Petit payant, Haut standing, entre autres. Au passage des donateurs, les blessés affichent un petit sourire. Un message de réconfort accompagne les présents.
« Il y a des personnes bénévoles qui nous font des dons en eau, en argent. Certains nous offrent le petit déjeuner et nous donnent des conseils. Ça nous soulage beaucoup », confie une rescapée de l’accident internée au service Orl. Mais elle fait savoir que la gratuité des soins telle que décidée par le président de la République au lendemain du drame n’est pas totalement effective à Laquintinie.
Des sinistrés sont parfois obligés de débourser de l’argent de leurs propres poches. « Lorsque le major du service nous donne un bon de sortie des médicaments, nous nous rendons à la pharmacie de l’hôpital. Mais souvent, on nous prescrit six produits et la pharmacie ne nous en donne que deux, en nous indiquant que les autres produits ne sont pas disponibles. Nous sommes alors obligés d’aller se les procurer à nos frais, dans les pharmacies de la ville », détaille un garde malade.
80 000 Fcfa pour les médicaments
Le garde malade estime à près de 80 000 F. Cfa les sous sortis de ses poches depuis vendredi dernier pour l’achat des produits. «Quand nous demandons à la caisse de nous remettre le bon, on refuse en nous indiquant que ça sera utilisé pour la comptabilité », précise notre interlocuteur, le ton un peu colérique. C’est le même son de cloche en Chirurgie, où Denise Tsafack est internée. La femme de 40 ans arrivée vendredi soir à Laquintinie a passé quatre radios et a reçu six perfusions.
Lundi, lorsque l’ordonnance a été prescrite, les proches de la victime se sont rendus à la pharmacie de l’hôpital pour se ravitailler. «Il n’y avait pas les produits. Nous sommes allés en pharmacie, à l’extérieur de l’hôpital. Nous avons dépensé en moyenne 18 000 F. Cfa. Lesdits produits ont été disponibles après, en soirée. Mais nous n’avons pas voulu attendre. Nous voulions que notre soeur soit vite soulagée », explique Brice Nanfack Sokeng.
Ce garde malade veille sur l’état de santé de son frère et de sa cousine, tous deux des victimes du déraillement du train 152 de la Cameroon Railway (Camrail) survenu à Eséka vendredi 21 octobre 2016.