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Laurent Esso et Motaze lâchés par Biya dans l'affaire Zogo : Jeune Afrique livre les risques de l'opération

Paul Biya et Laurent Esso

Thu, 30 Mar 2023 Source: www.camerounweb.com

Mathieu Olivier, journaliste politique et d'investigation, spécialiste notamment du Cameroun et de la Centrafrique vient de signer un nouvel article sur le dossier de Martinez Zogo dans Jeune Afrique. Le journaliste livre une analyse croisée sur les affaires sombres sous l’air de Paul Biya. Ce journaliste qui s'intéresse aussi à la politique de la Russie en Afrique, estime que le dossier du journaliste sauvagement assassiné est « l’affaire de trop pour Paul Biya ».

« Il était l’une des voix préférées des automobilistes de Yaoundé. L’une de celles que les chauffeurs de taxi et leurs passagers reconnaissaient sans peine. Le verbe haut, le ton rassurant, Martinez Zogo s’adressait aux Camerounais de la rue. Il dénonçait, accusait, menaçait. On l’imaginait, dans le studio d’Amplitude FM, casque sur les oreilles, le doigt rageur et brandi vers sa cible. L’animateur n’était pas un exemple, ses diatribes étaient truffées de conditionnels et ses réquisitoires manquaient souvent de preuves. Lors de ses émissions fleuves, il lui arrivait de rendre hommage à la rumeur en assénant que, au Cameroun, il n’y avait « jamais de fumée sans feu », rappelle Jeune Afrique.

« Au fond, Martinez Zogo était une voix de la rue, de celles qui savent rassembler les foules mais peuvent se tromper. Imparfaite et, malheureusement, manipulable. Comme d’autres dans le pays, le journaliste s’était mué en procureur. Il a fini par le payer de sa vie. Après des souffrances indicibles, Martinez Zogo a été retrouvé mort le 22 janvier, dans un terrain vague des faubourgs de Yaoundé. A-t-il été victime de l’orgueil démesuré d’un homme d’affaires qui croyait trop en sa toute-puissance ? A-t-il été éliminé comme un rouage devenu gênant de la guerre des clans ? Son supplice a-t-il surtout servi des desseins politiques, dont certains restent à découvrir ? », décrit le journaliste Mathieu Olivier.

La question de la justice revient avec insistance mais aussi le nom des pontes du pouvoir qui reviennent avec insistance. « Il revient désormais au juge d’instruction du tribunal militaire de Yaoundé de répondre à ces questions. La pression sur ses épaules est énorme. La Direction générale de la recherche extérieure (DGRE), le puissant et redouté service de contre-espionnage, est impliquée au plus haut niveau, son directeur Léopold Maxime Eko Eko ayant lui-même été inculpé pour complicité présumée. Deux ministres d’État du gouvernement de Joseph Dion Ngute sont cités : Louis Paul Motaze, aux Finances, et surtout Laurent Esso, ancien secrétaire général de la présidence et jusqu’à présent indéboulonnable garde des Sceaux », révèle Jeune Afrique.

« À l’heure où nous écrivions ces lignes, la main de Paul Biya les avait protégés d’une audition, malgré les pressions exercées par leurs ennemis politiques dont certains figurent parmi le plus proche entourage du chef de l’État. Le Sphinx d’Etoudi peut-il se permettre de ne pas tirer les conséquences du séisme provoqué par l’assassinat de Martinez Zogo ? À Yaoundé, la rue réclame justice. Plus posés, les décideurs politiques et économiques appellent au changement, espérant faire de l’assassinat de l’animateur radio le déclic tant attendu depuis des années. Tous, dans l’ambiance souvent improbable des fins de règne, ont le regard tourné vers le chef de l’État.Ce dernier remaniera-t-il le gouvernement, au risque de rompre l’équilibre – meurtrier ? – de la course à la succession ? Rajeunira-t-il le Sénat du patriarche Marcel Niat Njifenji ? L’Assemblée nationale de l’octogénaire Cavayé Yéguié Djibril ? Renouvellera-t-il le bureau politique du parti présidentiel, dont la moitié des membres est décédée, ou en détention. ? », soutient Jeune Afrique.

Source: www.camerounweb.com