Menu phare de la communauté Bafut, le mets traditionnel est désormais dans l’escarcelle de l’Organisation mondiale de la Propriété intellectuelle (OMPI).
Le «Achu» ou taro sauce jaune, plat traditionnel du peuple Bafut du Nord-Ouest Cameroun (Bamenda), cristallise l’attention du public. C’est à la faveur de l’ouverture de la deuxième édition du Festival des saveurs du Cameroun et du monde, le 20 novembre dernier au Musée national. Il s’articule autour du thème: «Codification et standardisation de la cuisine camerounaise». Jacqueline Laure Etemé salue la thématique retenue.
La cheffe de service de Codification et Standardisation au ministère du Tourisme et des Loisirs (Mintoul) fait savoir que le «Achu» est «inscrit à l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) et qu’elle est chargée de porter les travaux de la conférence tenue le 21 novembre pour analyse». L’oratrice poursuit que «ce mets traditionnel a atteint une notoriété nationale et internationale, et lorsque nous sommes dans la sélection des mets emblématiques que l’OMPI demande, nous avons fait une exploration dans les dix régions du Cameroun et avons retenu quatorze mets. Parmi lesquels le «Achu».
Pour ce qui est de la codification et de la standardisation, «le ministère du Tourisme et des Loisirs a entamé la protection. C’est la raison pour laquelle, il fait partie des quatorze mets du terroir qui sont protégés», fait-elle savoir. Elle regrette cependant que la codification jusqu’à présent revête un aspect politique, alors que «cela doit aller plus loin que l’appréciation politique», renchérit-elle.
La codification de la gastronomie, du «Achu» constitue un véritable levier de croissance et d’emploi. Pour cela, il doit obéir aux normes. L’on doit ainsi faire appel à l’Agence des normes et de la qualité (Anor) pour plus d’expertises et espérer inscrire ce mets comme patrimoine à l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). «Ce n’est pas impossible», dit-t-elle de vive voix à la communauté Bafut.
ACHU, REPAS COMPLET
Le plat de «Achu» contient de nombreux nutriments nécessaires à la santé de l’Homme. Surtout qu’il est fait à base de produits locaux bio. Comme ingrédients qui composent ce mets il y a le taro (colocasia esculenta) et la banane. Pour ce qui est de la sauce jaune, il faut de l’huile de palme crue, des épices exotiques (oignon de campagne, poivre de brousse, poivre). Quant à la préparation des légumes, elle nécessite de jeunes feuilles de taro, jeunes pousses intérieures d’herbe à éléphant, et œufs de jardin.
Le «Achu» est riche en nutriments. L’amidon du taro est une source excellente d’énergie, il est riche en vitamines avec des quantités élevées de bêtacarotène bien connu pour protéger contre les maladies chroniques. Le taro est source de thiamine, riboflavine, de fer, phosphore et de zinc, ainsi qu’une bonne source de vitamine B6, C, de cuivre et manganèse. Au regard de ses vertus, le Achu est aujourd’hui prisé et proposé dans différents restaurants du Cameroun. Sa forte consommation crée des emplois pour de nombreuses femmes qui cuisinent et commercialisent ce mets au Nord-Ouest et à Bafut en particulier.
En outre, les restaurants qui en vendent emploient des jeunes. Ce qui réduit le chômage et la vague de criminalité. «Cela est vrai étant donné qu’au cours des cinq dernières années, les crises sociopolitiques en cours ont occasionnés le déplacement de nombreuses personnes qui se retrouvent dans les grandes villes sans moyens de subsistance fiables», conclut le Pr Raymond Neba’ane Asombang.