La vie reprends progressivement son cours normal à Kolofata. Dans cette localité du département du Mayo Sava où les attaques des combattants de la secte Boko Haram ont aussi beaucoup sévi, les populations regagnent peu à peu leurs sarés abandonnés depuis plusieurs mois.
La guerre ne fait plus trop partie des sujets de causerie des populations, mais toutefois, on n’oublie pas les impacts causés par les attaques de ces terroristes qui ont violemment agressé les populations.
Un simple tour dans la ville de Kolofata fait comprendre au visiteur qu’aujourd’hui les préoccupations sont ailleurs, « il faut se reconstruire pour continuer à vivre, puisque nous sommes debout », affirme Zra, un habitant de Kolofata. C’est dans ce même élan que se situe la « campagne de santé au profit des populations victimes de la guerre contre Boko Haram. C’est un travail qui entre dans nos activités dans le processus du retour progressif à la vie normale », précise le colonel Joseph Nouma, chef de l’opération Alpha.
Samedi et dimanche derniers, le Bataillon d’intervention rapide a déployé à l’hôpital de district de Kolofata une équipe de 40 personnels civils et militaires venus de plusieurs grands hôpitaux du pays, parmi lesquels 7 médecins spécialistes. C’était dans le cadre d’une campagne de santé gratuite au profit des populations victimes de la guerre contre Boko Haram.
Plus de 2000 personnes ont répondu à l’invitation. D’après le préfet du Mayo Sava, représenté à cette activité par son 1er adjoint, Sou-Oudi Ibrahima, la sensibilisation qui a été facilitée grâce à l’implication des autorités administratives et traditionnelles a permis de toucher un très grand nombre de personnes.
En dehors de Kolofata, chef-lieu de l’arrondissement, l’information a circulé jusqu’aux confins des villages voisins. « En fait, en plus des soins apportés aux blessés, nous avons pensé qu’il fallait étendre notre assistance aux personnes vulnérables telles que les enfants, les vieillards et les femmes », souligne le commandant Alain Mvogo, le médecin chef de l’opération Alpha. « C’est pour cette raison que nous avons prévu en plus de la médecine générale, des spécialistes en gynécologie, pédiatrie et ophtalmologie », poursuit le médecin chef.
Après l’accueil et la consultation, les patients sont orientés en fonction des cas observés avant de chuter à la pharmacie où ils perçoivent gratuitement les produits prescrits sur l’ordonnance. Les cas qui nécessitent une hospitalisation sont aussi pris en charge. Pour Mairama Wandala, habitant de Kolofata, c’est une chance à nulle autre pareille.
« J’ai commencé à traiter ma fille depuis déjà un mois. Mais comme je n’avais pas suffisamment d’argent, je ne suis plus jamais revenue à l’hôpital. Mais aujourd’hui, ma fille a été consultée et j’ai reçu les produits pour la guérir. Merci aux militaires », témoigne la jeune maman dont la fille de 18 mois souffre de la malnutrition.
Selon, le commandant Hassan, ophtalmologue, « 1000 cas étaient attendus. Mais samedi déjà, avant de suspendre les travaux, nous étions à 1600 cas enregistrés. Ce qui nous amène à constater que le besoin est réel. Nous verrons comment multiplier l’initiative dans les autres localités affectées», explique-t-il.