Les autorités burkinabè annoncent le début des auditions dans le cadre de l'enquête sur les tueries commis le 20 avril, à Karma, au nord du pays.
Selon les autorités, cette attaque est une conspiration contre le pays pour ses choix stratégiques. C'était au cours d'une rencontre jeudi 4 mai avec les hommes des médias.
Selon les témoignages recueillis, cette tuerie de Karma serait commise par des hommes arborant des tenues de l’armée Burkinabè.
Ce qui pousse le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré d’appeler au calme et d’éviter les conclusions hâtives qui pointent du doigt comme principal responsable de ce massacre.
« Pourquoi accuser (l'armée) directement parce qu'on dit qu'ils (les assaillants) sont venus avec des pickups et des tenues de l'armée ? », a-t-il déclaré lors d'un entretien à la télévision publique burkinabè. Le capitaine Traoré précise que « l'armée a perdu des blindés, des pickups » lors des nombreuses attaques commises par des groupes armés dans le pays.
« Sachant cela, on ne peut pas immédiatement accuser les Forces de défense et de sécurité (FDS) (...) On attend que les enquêteurs fassent leur travail et que les gens évitent de tirer des conclusions hâtives », affirme l’AFP qui rapporte les propos du capitaine Traoré.
L'enquête ouverte par la justice suit son cours, précise le lieutenant-colonel François Yameogo, directeur de la justice militaire. À ce jour, une trentaine de personnes ont été auditionnées dont un chef militaire et les auditions se poursuivent. Le ministre de la Défense explique qu'il faut prendre en compte les nouvelles stratégies des groupes armés qui utilisent « la perfidie et arborent les tenues des soldats Burkinabè dans les combats. »
Le gouvernement de la transition déclare avoir des résultats sur le terrain et affirme que des bases importantes de groupes armés ont été détruites. Les attaques ont diminué ainsi que les tueries selon les autorités.
« Ils sont nombreux ces pays qui ont refusé catégoriquement de nous vendre de l'équipement », a déclaré le capitaine Traoré.
« La Russie est un partenaire stratégique, la Turquie est aussi un partenaire majeur. La sortie des forces françaises [du Burkina Faso] ne signifie pas que la France n'est plus un allié car l'ambassade de France est toujours là », a-t-il déclaré.
Il a également mentionné la Corée du Nord dans l'interview, affirmant qu'elle avait soutenu le Burkina Faso dans le passé avec "des équipements militaires lourds, utilisés par notre armée jusqu'à aujourd'hui".
"Nous leur en sommes reconnaissants et nous voulons continuer à obtenir du matériel de la Corée du Nord", a-t-il déclaré.
Pendant ce temps, le président par intérim a nié la présence de la société mercenaire russe Wagner au Burkina Faso.
"On continuera d'acquérir des moyens majeurs avec ces pays (et) on va coopérer avec ceux qui souhaitent nous aider dans cette guerre" contre les groupes armés, a-t-il assuré, saluant également une coopération avec la Corée du Nord pour l'acquisition d'équipements militaires.
Le président a affirmé, lors d'une allocution télévisée jeudi, vouloir organiser des élections le "plus tôt possible", en juin 2024.
Le Burkina Faso, théâtre de deux coups d'Etat militaires en 2022, est pris depuis 2015 dans une spirale de violences jihadistes apparues au Mali et au Niger quelques années auparavant et qui s'est étendue au-delà de leurs frontières.
Les violences ont fait depuis huit ans plus de 10.000 morts - civils et militaires - selon des ONG, et quelque deux millions de déplacés internes.