«Nous ne pensons pas qu’elle soit une fille de Chibok.» Sous couvert d’anonymat, un haut-responsable administratif camerounais a confié, hier lundi, les très forts doutes des autorités sur les affirmations de l’une des kamikazes portant «12 kg d’explosifs» et arrêtée vendredi alors qu’elle «cherchait où se faire exploser».
Celle-ci avait alors dit faire partie des lycéennes enlevées en avril 2014 à Chibok (Nigeria) par les islamistes de Boko Haram.
Mais les autorités camerounaises ont notamment relevé des incohérences entre l’âge supposé de la kamikaze et ceux des lycéennes enlevées.
Une délégation pour vérifier les dires de la kamikaze
Dès samedi, le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, Midjiyawa Bakari, avait souligné qu’il fallait être très prudent sur ses déclarations. «Elles sont souvent droguées et peuvent raconter n’importe quoi», avait-il fait valoir, avant d’assurer que cette question serait «clarifiée».
Les deux kamikazes ont été remises pour besoin d’enquête à la composante camerounaise de la force régionale chargée de lutter contre Boko Haram. A la suite de cette arrestation, le Nigeria a décidé d’envoyer au Cameroun une délégation comprenant notamment des parents de lycéennes enlevées pour vérifier les dires de la kamikaze. «Les familles peuvent venir si elles le souhaitent. Les deux kamikazes sont toujours là», font savoir les autorités.
Le 14 avril 2014, 276 jeunes filles avaient été enlevées par Boko Haram alors qu’elles se préparaient à passer des examens scolaires, à Chibok, dans l’Etat de Borno, dans le nord-est du Nigeria, berceau du groupe islamiste, qui a rallié l’organisation de l’Etat islamique (EI). Cinquante-sept d’entre elles ont réussi à s’échapper dans les heures et les jours qui ont suivi leur rapt. Mais on est toujours sans nouvelles des 219 autres depuis une vidéo publiée en mai 2014 par Boko Haram.