Le Cameroun est dirigé par un régime militaire - Prosper Nkou Mvondo

Prosper Nkou Mvondo Militaire Les magistrats dans notre pays sont inféodés au système - Prosper Nkou Mvondo

Mon, 27 Mar 2017 Source: cameroon-info.net

L’Universitaire basé à Ngaoundéré dans l’Adamaoua et par ailleurs leader du parti politique UNIVERS s’est exprimé ce lundi 27 mars 2017 sur les ondes de radio Equinoxe. Economie de ses déclarations, notamment sur les derniers évènements autour de la crise dite anglophone au Cameroun.

Sur la Convocation de Maitre Akere Muna et l’arrestation de Paul Ayah Abime

Par rapport à la convocation de Maitre Akere Muna, je tiens d’abord à saluer la mobilisation des membres de son corps professionnel qui ont su se lever comme un seul homme pour défendre au-delà de la personne de leur ancien bâtonnier, un membre de leur corps. Je le dis pour regretter l’attitude des magistrats qui face à une arrestation (celle de Paul Ayah Abine, ndlr), ce qui est plus fort qu’une simple convocation se sont tus. Cela montre combien de fois les magistrats dans notre pays sont inféodés au système, sont « subordonnés » et je prends le mot dans son sens le plus péjoratif pour dire combien de fois les magistrats sont incapables de défendre un des leurs. Sur le cas de Paul Ayah Abine, il s’agit d’une tentative d’humiliation du corps des magistrats. Dans ce pays, c’est un régime militaire qui est en place. On peut arrêter tout le monde, qui qu’on soit, même s’il s’agit d’un magistrat de la Cour suprême qui bénéficie quand même de ce que prévoit le code de procédure pénale, c'est-à-dire des privilèges de juridiction sur lesquels on marche aujourd’hui et les magistrats de notre pays se taisent. C’est dire combien de fois les magistrats du ministère public sont intimidés, sont inféodés mais plus encore, les juges camerounais qui sont d’abord des magistrats, qui devraient s’ériger contre ce genre de comportement de la part d’un système que je qualifierai plutôt de militaire. Vous voyez bien que les civils sont jugés par des tribunaux militaires. Ce qui montre s’il en était encore besoin que nous sommes véritablement dans un régime militaire où seuls les militaires ont la parole, où les militaires ont tous les privilèges, où les militaires jugent les civils.

Sur la convocation du journaliste Fon Echekiye

Je pense qu’il est grand temps que les citoyens camerounais comprennent que ce qui arrive à leurs concitoyens, ce qui arrive aux autres, leaders ou non peut arriver à tout le monde. Il s’agit donc de la défense de la légalité, il s’agit de rappeler à nos gouvernants qu’on n’est plus à l’ère du commandement comme à l’époque coloniale, qu’on est à l’ère du management, qu’on est à l’ère de l’écoute du citoyen, qu’on est à l’ère où chacun doit comprendre que ce n’est pas parce qu’on est au pouvoir qu’on est le plus intelligent. Ils doivent comprendre que les intelligences se trouvent également ailleurs. Il appartient au peuple camerounais de comprendre qu’il est grand temps qu’on se débarrasse de ce système, de ce régime politique composé des hommes à la limite de la sénilité. Parce que vous voyez là des attitudes de fin de régime des personnes qui nous dirigent qui sont en mal de solutions, qui ont du mal à trouver des solutions aux problèmes qui se posent dans leur pays. C’est vrai dans tous les pays, il y a des problèmes, mais il faut savoir quelle solution y apporter. Nous avons un problème dit anglophone aujourd’hui. Quelle est la réponse ? Ils sont incapables de négocier, de convaincre leurs concitoyens qui posent des problèmes tout à fait légitimes : les problèmes de la langue, les problèmes de la culture. En réponse, qu’est-ce qu’on voit ? C’est plutôt de l’intimidation, de la répression, de la torture des étudiants pour leur faire comprendre qu’ils n’ont rien à dire, c’est l’humiliation des hommes politiques. On verse de l’eau sur certains, on les arrête à gauche, on les arrête à droite, on veut les museler. C’est des arrestations arbitraires, des traductions devant le tribunal militaire, des arrestations comme vous l’entendez. On se dit qu’un journaliste, c’est un leader d’opinion. On se dit que si on commence à intimider les journalistes, ils ne parleront plus. Souvenons-nous que le président du Conseil national de la Communication (Peter Essoka, Ndlr) a même interdit aux journalistes de parler du fédéralisme. Mon dieu, dans quel pays sommes-nous encore ? Qui a dit à ces gens-là que le fédéralisme est une mauvaise chose ? Le fédéralisme est même encore inscrit dans certains de nos textes législatifs. Allez dans le code pénal, allez dans beaucoup d’autres textes, vous allez comprendre qu’on continue à faire référence au fédéralisme.

Sur le leadership au sein de l’opposition

Lorsque le régime dictatorial en place a réussi à museler l’opposition, à apprivoiser et à domestiquer l’opposition, qu’attendez-vous ? Ecoutez le discours de John Fru Ndi aujourd’hui, lorsqu’il se désolidarise de son député. Je crois que le rôle d’un opposant, c’est de s’opposer, c'est-à-dire de chercher le pouvoir en critiquant celui qui est en place. Je pense que le député (Joseph Wirba, Ndlr) du SDF qui a parlé l’a fait en tant que député et je pense que c’est le rôle d’un député surtout de l’opposition que de critiquer, que de dénoncer et il n’y a pas meilleur espace de dénonciation que la tribune de l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, il est en exil. Tout montre que les élections de 2018 se prépare de façon dictatoriale et de telle sorte qu’aucun leader ne puisse émerger.

Sur l’actualité au sein du parti politique Univers

Notre parti se porte bien. Il y a une semaine, nous avons lancé notre caravane de mobilisation citoyenne dans la ville de Ngaoundéré et dans la région de l’Adamaoua. Vous savez que nous subissons les mêmes difficultés que les autres partis de l’opposition ont ailleurs. Vous savez que nous sommes interdits de défiler. Le gouverneur de l’Adamaoua nous a interdit de défiler le 20 mai dernier. Le parti Univers au niveau du conseil municipal dans la commune d’arrondissement de Ngaoundéré 3ème est pratiquement le seul parti qui prend la parole. Nous avons l’UNDP qui ne parle jamais. Que dire alors des conseillers municipaux RDPC qui ne sont que des bénis oui oui. De toutes les façons, que ce soit au niveau institutionnel ou ailleurs, nous essayons de jouer notre rôle de parti de l’opposition qui espère que les choses changeront et participeront à la nouvelle gouvernance comme nous l’espérons en 2018.

Source: cameroon-info.net