L’inspecteur de police principal, Elie Ladé, la cinquantaine, tué dans le double attentat-suicide du 20 septembre, a permis d’éviter un carnage au marché de Mora.
En policier consciencieux, il a quitté son domicile au quartier Barama le dimanche, 20 septembre aux premiers chants du coq, à six heures, pour prendre service au poste de Guirbala, situé à trois kilomètres de Mora, chef-lieu du département du Mayo-Sava. A une trentaine de kilomètres de Kolofata, chef-lieu de l’arrondissement éponyme qui a aussi connu un double attentat-suicide une semaine auparavant.
La localité est en alerte, parce que les terroristes de Boko Haram, basés à Maiduguri dans l’Etat de Borno au Nigeria voisin font planer le spectre de l’insécurité, en multipliant des attaques et attentats-suicides dans les villages frontaliers des départements du Mayo-Sava, Mayo-Tsanaga, Logone et Chari. Mais, nos forces de défense et de sécurité, sur-le-qui-vive, veillent au grain.
Selon des informations concordantes, l’inspecteur de police principal, Elie Ladé, était admis en stage à l’école de police, pour une formation d’officier. Mais, le destin en a décidé autrement. Elie Ladé, la cinquantaine, s’est sacrifié pour la patrie qu’il servait avec dévouement. Il a trouvé la mort le 20 septembre 2015 dans l’exercice de ses fonctions.
En bon flic, il a payé de sa propre vie l’interpellation de deux jeunes filles (désormais utilisées comme « bombes humaines » par la secte Boko Haram). En exploitant judicieusement le renseignement qu’un membre de comité de vigilance lui a soufflée, Elie Ladé a surpris ces terroristes en pleine conversation suspecte avec leur guide.
Visiblement, le guide semblait connaître la ville de Mora et était en train de donner les dernières consignes aux "bombes humaines", pour aller commettre des attentats à Mora en ce dimanche, jour de grand marché. L’inspecteur de police principal a flairé le coup. Les deux gamines sont démasquées. Le coup est éventré. L’une des filles se fait exploser, tuant ainsi son guide et l’inspecteur de police principal.
La deuxième « bombe humaine », en prenant la poudre d’escampette choisit de se faire exploser, elle aussi, proche d’un paisible agriculteur en train de vaquer à ses occupations champêtres. Le bilan est de cinq morts, bien en deçà de la boucherie humaine planifiée par les terroristes de Boko Haram dans le marché de Mora.
Simple coïncidence ou ironie du sort ? Ladé, originaire de Limani, dont la traduction littérale de son nom signifie, en langues locales, « dimanche », trouve ainsi la mort ce dimanche 20 septembre 2015. Grâce à sa vigilance, à son sens élevé de patriotisme et de sacrifice, Elie Ladé a permis, par son acte, d’éviter ainsi le carnage que ces « kamikazes », s’apprêtaient à commettre au marché central de Mora où des milliers de personnes se rendent d’ordinaire pour se ravitailler.
Surtout que c’est le dernier dimanche, précédant la fête de la Tabaski prévue le jeudi, 24 septembre 2015. Et il était certain que des milliers de fidèles musulmans devraient se retrouver au marché de Mora en ce jour pour faire leurs emplettes.
Ces terroristes ont choisi, à dessein, un jour de très grande affluence, le dimanche, pour planifier des opérations suicidaires sur le marché de Mora, capitale du département du Mayo-Sava. Ce double attentat-suicide est survenu au lendemain du passage du ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense, Edgard Alain Mebe Ngo’o.
Manifestement, ces rebelles ont voulu tenter de décrédibiliser le message de mobilisation transmis aux forces de défense et de sécurité ; la collaboration prônée entre ces forces et les populations locales ainsi que les comités de vigilance. Ils ont raté leurs objectifs. En accomplissant avec abnégation sa mission, rien que son travail, l’inspecteur de police principal, Elie Ladé, a stoppé les velléités maléfiques de ces « bombes humaines » qui visaient le grand marché.
L’homme a payé de sa vie en protégeant ainsi la vie des milliers d’autres Camerounais. Il a été, comme l’indique l’émission de la police, « Au service de tous et de chacun » !
Ce héros national s’inscrit ainsi dans la lignée de ces compatriotes des comités de vigilance qui ont donné aussi leur vie, en s’interposant ou en interpellant des terroristes qui s’apprêtaient à commettre des boucheries dans les villes de Kolofata, de Kérawa…
Ces véritables patriotes méritent les hommages de toute la nation, au même titre que les égards dus à nos vaillants soldats dont certains sont tombés au front, pour défendre l’intégrité territoriale de notre pays.