Le Cameroun suspendu par la FIFA: voici le courrier qui attend

Dès 2020, bien avant l’arrivée de Samuel Eto’o à la tête de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT), la FIFA avait déjà tiré la sonnette d’alarme. Dans un courrier adressé au président de l’époque, Seidou Mbombo, l’instance mondiale du football mettait en garde contre toute ingérence gouvernementale dans les affaires de la fédération. La FIFA rappelait fermement que toute influence indue de tiers, notamment celle du ministère des Sports, pouvait entraîner des sanctions, allant jusqu’à la suspension de la FECAFOOT.

Aujourd’hui, avec les récentes décisions du ministre des Sports, Narcisse Mouelle Kombi — qui a suspendu sans justification claire le processus électoral au sein de la FECAFOOT —, le risque d’une nouvelle suspension du Cameroun par la FIFA se profile à l’horizon. Une situation qui rappelle étrangement les tensions de 2020 et qui pourrait bien replonger le football camerounais dans une crise institutionnelle.



FIFA

PAR COURRIEL

Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT)

M. Seidou Mbombo

Président

seidoumbombo@fecafoot.org

Zurich, le 8 octobre 2 020

Ingérence potentielle dans les affaires de la FECAFOOT

Monsieur le Président,

Nous accusons réception du procès-verbal de la réunion du Comité exécutif de la FECAFOOT du 24 et 25 septembre 2020, du communiqué final de la session ordinaire de l’assemblée générale (AG) de la FECAFOOT du 25 septembre 2020 ainsi que de la notification écrite relative à la nomination du Secrétaire Général de la Ligue Football Professionnel du Cameroun (LFPC). À cet égard, nous comprenons que les suites à donner à la sérénité du Tribunal Arbitral du Sport (TAS) du 14 septembre 2020 pour trouver une solution à la situation entre lesdites parties ont été abordées lors de l’AG de la FECAFOOT du 25 septembre dernier.

Nonobstant ce qui précède, nous avons appris par diverses sources que le Ministre des Sports de la République du Cameroun aurait formé un « Groupe de Travail Ministériel » pour apparemment superviser l’exécution diligente de la sentence arbitrale susmentionnée, et qui remettrait potentiellement en cause la décision de l’AG de la FECAFOOT du 25 septembre dernier.

Au vu de ce qui précède, nous souhaitons rappeler à la FECAFOOT la teneur des articles 14 al. 1 let. i), al. 3 et 19 des Statuts de la FIFA, selon lesquels les associations membres de la FIFA sont statutairement tenues de gérer leurs affaires de manière indépendante et sans influence indue de tiers. Tout manquement à ces obligations peut entraîner des sanctions, pouvant aller jusqu’à la suspension pure et simple de l’association membre concernée, et ce, même si l’influence du tiers n’est pas imputable à l’association membre.

Tandis que la FIFA souhaite et encourage naturellement une étroite collaboration entre les gouvernements respectifs et ses associations membres, elle doit aussi veiller au respect de l’autonomie de ces dernières. Ainsi, dans le cas où le « Groupe de Travail Ministériel » en question n’apporterait pas seulement un soutien à la FECAFOOT mais s’avérait donner des directives à celle-ci, nos services seraient contraints de rapporter ces événements aux organes compétents de la FIFA pour prise de décision, incluant l’application de sanctions telle qu’une suspension à l’égard de la FECAFOOT.

En vous remerciant par avance de vous assurer que le contenu de la présente soit communiqué aux intéressés, nous vous prions de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de notre parfaite considération.

FIFA