Le mouvement d’humeur des salariés, désormais réglé, a permis de mettre en lumière une fois de plus, les grandes difficultés de l’entreprise.
Des mesures ponctuelles. C’est le terme exact pour qualifier le dénouement heureux qu’a connu le mouvement d’humeur des employés du , après deux jours d’arrêt de travail mardi et mercredi derniers.
Hier 29 avril 2016, ils devraient passer à la caisse pour percevoir leurs deux mois d’arriérés de salaire ainsi que les indemnités de congés pour ceux qui y ont droit.
Des émoluments dont la somme totale, débloquée par l’Etat du Cameroun, s’élève à 990 millions F.
Et si le ministre des Transports Edgard Alain Mebe Ngo’o est satisfait de l’issue positive de la situation et de la reprise effective du travail, qu’il a pu constater sur place jeudi dernier il affiche l’ambition à long terme du gouvernement camerounais pour que les problèmes de ce début de semaine ne se reproduisent plus.
Ambition qui est « le redressement du Chantier naval et industriel du Cameroun pour qu’il redevienne un fleuron de l’industrie et de l’économie camerounaise.
Et surtout, lorsqu’il se sera redressé, il est appelé à redevenir autonome et à s’affranchir de la subvention systématique de l’Etat ».
A cet effet, et au sortir de deux réunions mercredi et jeudi, à chaque fois avec le top management et les délégués du personnel, Edgard Alain Mebe Ngo’o a prescrit un plan de redressement du CNIC.
Document de restructuration qui devra lui être transmis dans une semaine et qui devra tenir compte des inputs des délégués du personnel.
Ces derniers ayant mis en exergue les nombreuses difficultés du Chantier naval depuis 2010 notamment.
Etat des lieux
En effet, il paraît désormais loin, le temps où la société d’Etat de construction et de réparation navale affichait une excellente santé et un chiffre d’affaires de 30 milliards F.
C’était en 2007. Aujourd’hui, c’est une entreprise endettée qui est pratiquement à l’arrêt. Les marchés se font rares.
Le directeur général Alfred Nforgwei Mbeng indique qu’il y en a deux actuellement, dont un de Cotco en rapport avec un projet structurant.
Et sans marchés, avec plus de 800 employés, les rentrées d’argent sont nettement inférieures aux charges de l’entreprise.
Comme causes, le DG pointe notamment du doigt la baisse drastique du cours du baril de pétrole qui pose un problème en offshore, un des trois domaines du Chantier avec la marine et l’industrie.
Un avis que ne partagent pas les délégués, pour qui l’offshore n’a jamais été l’activité principale de la structure, au contraire de la marine.
Dans ce sens, le principal problème est l’outil de production, qui n’est pas seulement vétuste.
Il est également sinistré, comme les deux docks (matériel qui permet de sortir le bateau de l’eau pour le mettre à sec et de mieux effectuer ses réparations externes et internes), naufragés depuis février 2015.
Gaspard Nyetam, l’un des délégués, cite quelques besoins essentiels devant être comblés pour remettre l’entreprise sur les rails. Pêle-mêle : des docks flottants, des appareils levage comme les grues, des postes à souder modernes, du matériel pour les chaudronniers, les électriciens, pour le traitement de surface (sablage, peinture, tout ce qui concerne l’embellissement et le revêtement extérieur et intérieur d’un navire)…
Il ne faut pas oublier la logistique avec des voitures de transport pour le personnel, un outil qui manque cruellement pour emmener les employés de la direction générale aux différents sites de production, etc.
Autre problème qu’il faudra résoudre, l’assainissement du fichier des employés, un problème de faux diplômes, plus d’une centaine de personnes, se posant avec acuité.
Des individus qui pèsent sur les finances de l’entreprise en percevant indûment des salaires.
Il faudra aussi mettre en place un plan de formation pour que les employés reçoivent des enseignements pointus qui répondent aux évolutions techniques du monde actuel… Et le chapelet des manques est encore long.