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Le Diguida (chaine de reins), une arme de séduction massive

Image illustrative

Ven., 24 Juin 2022 Source: www.camerounweb.com

Dans le Septentrion, les femmes de toutes les tranches d’âge l’arborent pour diverses raisons, mais principalement pour se faire désirer.

Si autrefois le port des chaînes sur la hanche était juste un moyen de se rendre belle, aujourd’hui, celles qui l’arborent évoquent diverses autres raisons et la principale est celle de se faire désirer. Seules les plus sincères le reconnaissent d’ailleurs. En effet, pour ces femmes, porter des chaines autour de la taille permet de mettre en valeur leurs formes et de leur dessiner une silhouette avantageuse. De plus, le Diguida permet aussi de souligner la féminité de la femme nordiste, mais aussi sa sensualité. «C’est vrai qu’à la base, le Diguida me plaît bien depuis mon enfance. Je suis une femme mariée et mon homme aime bien cela. Les bruits qui émanent de ces chaines à chaque fois que je fais un mouvement lui plaisent bien. Ces bruits éveillent la curiosité et appellent à l’imagination… Toutefois, au-delà de cet aspect de séduction, c’est pour moi un moyen de surveiller mon poids. En effet, lorsque ma chaine commence à me serrer, je sais qu’il faut que je me soumette à un régime amincissant par exemple. Donc je n’ai pas besoin de balance pour me peser à chaque fois ; c’est très discret» , explique Amina, résidente à Garoua.

En plus de servir d’instrument de séduction ou de balance, le Diguida est aussi utilisé à des fins de traitements pour certaines maladies «mystiques» et pour soigner le mal des reins, mais aussi pour se protéger. Dans la médecine tra- ditionnelle, plusieurs tradipraticiens et guérisseurs tradition- nels se servent de cela pour traiter les problèmes complexes, généralement liés au mauvais sort ou au mauvais œil. «J’avais une amie au lycée qui arborait le Diguida. Elle en avait une quinzaine autour de sa taille si bien qu’on pouvait les remarquer sous sa tenue. Elle m’avait fait savoir qu’elle avait des soucis de santé. On lui avait fait faire des examens qui se sont révélés négatifs alors qu’elle souffrait toujours. C’est alors qu’un guérisseur traditionnel lui a remis ces chaînes et lui a demandé de les porter tout le temps», raconte Nathalie Nelom non sans oublier d’ajouter que «La chaîne était faite de perles moyennes de couleur noire et maronne. Elles étaient nombreuses. En plus au moindre mouvement brusque, on entendait les bruits des chaînes. Je ne sais pas si finalement c’est ces chaines de hanche qui l’ont guéri. Elle avait fait plusieurs mois de maladie et prenait plusieurs remèdes en même temps», se rappelle Nathalie Nelom, résidente de la ville de Garoua.

Chez un tradipraticien rencontré à Garoua, plusieurs femmes qui arborent le Diguida le font au moins pour un objectif double : d’abord, séduire et ensuite se protéger. «La plupart achètent leurs perles au marché avant de me consulter. Cela signifie qu’elles prennent en compte les couleurs, les grosseurs ou même les types de perles et de tissages faits. Certaines utilisent le diguida pour se protéger, surtout lorsqu’elles se sentent menacées par une autre» , souligne un tradipraticien qui préfère rester dans l’anonymat.

Plus connue dans le Grand-Nord sous le nom de Diguida, la chaine de taille est un accessoire permanent. Portée jadis par nos grands-parents, elle demeure encore aujourd’hui incontournable chez plusieurs jeunes filles et femmes. Pour plusieurs peuples du septentrion comme partout ailleurs, la beauté de la femme est accessoirisée par des boucles, chevillères, chaines, gourmettes et bien d’autres. Ces bijoux font partie intégrante de leurs habillements. Ainsi, le port des chaines en l’occurrence ne se limite pas juste aux cous ou chevilles.

«À notre époque, il était très difficile de croiser une fille sans chaîne sur sa hanche. C’était le style le plus en vogue en ce moment. On ne connaissait même pas les boucles d’oreilles dans le village où j’ai grandi. La preuve en est que je n’ai pas les oreilles percées. On se paraît des chaînes au cou et sur la hanche et on se balafrait le ventre, mais aussi le visage» , indique Marthe Magali, une octogénaire. Cette arme de séduction massive dans les marchés de la ville de Garoua et plus précisément au marché Yelwa, sont vendus à des prix dérisoires qui varient entre 100 à 300 Fcfa selon la longueur.

Source: www.camerounweb.com