Le Maroc a l'ambition d'exporter vers l'Europe de l'électricité produite par des parcs solaires et éoliens, mais devrait-il donner la priorité à ces énergies renouvelables pour son marché intérieur ?
"Les ressources dont nous disposons ici pourraient être l'une des grandes réponses à la demande européenne", affirme Moundir Zniber, entrepreneur marocain dans le secteur de l'énergie.
M. Zniber est un homme passionné qui voit dans la crise une opportunité.
"Je pense que le Maroc représente la meilleure opportunité de sortir le continent européen de la dépendance qu'il a aujourd'hui vis-à-vis du gaz russe", déclare-t-il.
M. Zniber a passé les 15 dernières années à faire de son entreprise, Gaia Energy, l'un des leaders de la révolution des énergies renouvelables dans son pays d'origine.
"Le Maroc dispose de l'une des meilleures ressources solaires et éoliennes au monde", explique-t-il. "Nous n'avons pas de pétrole, nous n'avons pas de gaz naturel, mais nous avons un potentiel tout simplement incroyable.
La guerre en Ukraine a incité les responsables politiques européens à redoubler d'efforts pour lutter contre le changement climatique à l'aide de nouvelles sources d'énergie propre. Le Maroc espère faire partie de la solution.
Situé aux portes de l'Europe, il a des projets ambitieux visant à produire 52 % de son électricité à partir de sources renouvelables d'ici à 2030. L'objectif est d'exporter une grande partie de cette électricité vers l'Europe par le biais de câbles sous-marins.
Mais pour l'heure, le pays doit encore construire de nombreux autres parcs solaires et éoliens. Actuellement, ce pays d'Afrique du Nord de 39 millions d'habitants dépend des importations pour 90 % de ses besoins énergétiques, et la plupart de ces importations proviennent de combustibles fossiles.
En 2021, environ 80,5 % de la production d'électricité du Maroc provenait de la combustion de charbon, de gaz et de pétrole. En revanche, seuls 12,4 % proviennent de l'énergie éolienne et 4,4 % de l'énergie solaire.
Cependant, le Maroc fait déjà des progrès tangibles pour stimuler sa production d'énergie renouvelable, grâce à des projets tels que l'énorme complexe solaire Noor-Ouarzazate. La première phase ayant été inaugurée en 2016, il s'agit désormais de la plus grande centrale solaire à concentration du monde.
Ces installations utilisent des miroirs pour réfléchir et concentrer la lumière du soleil sur des tours centrales "réceptrices". Celles-ci contiennent un fluide chauffé par la lumière, créant de la vapeur qui fait tourner des turbines pour produire de l'électricité.
À Noor-Ouarzazate, les miroirs sont maintenant répartis sur 3 000 hectares. L'installation a été développée par la société saoudienne ACWA Power, avec un financement de la Banque mondiale et de la Banque européenne d'investissement.
Selon Moez Cherif, économiste en chef de la Banque mondiale pour la région, les avantages comprennent un découplage par rapport à la "très forte volatilité des prix des combustibles fossiles".
Dans un pays où le taux de chômage est de 11,2 %, M. Cherif ajoute que cela pourrait créer jusqu'à 28 000 nouveaux emplois par an.
Il affirme également que cela permettrait au Maroc de "se positionner comme un centre industriel pour les investissements dans les exportations de produits industriels verts", tels que la fabrication de voitures utilisant des énergies renouvelables.
Cependant, elle reconnaît qu'il y a aussi des obstacles internes à surmonter.
Il s'agit notamment "d'accélérer et de rationaliser la bureaucratie", en veillant notamment à ce que les entreprises obtiennent des choses telles que "l'accès aux permis fonciers relativement rapidement pour s'assurer que les investisseurs ont accès aux opportunités qu'ils souhaitent".
Mme Benali ajoute que la stratégie énergétique du gouvernement repose sur trois piliers : l'augmentation des énergies renouvelables, l'amélioration de l'efficacité et une plus grande intégration dans les marchés internationaux de l'énergie.
Cependant, Hajar Khalmichi, activiste du changement climatique et membre du Mediterranean Youth Climate Network, déclare qu'elle souhaite voir le Maroc satisfaire tous ses besoins énergétiques nationaux grâce aux énergies renouvelables avant d'envisager d'exporter de l'électricité.
Elle pense également que l'ambition de 52 % d'électricité provenant des énergies renouvelables ne va pas assez loin, et qu'il n'y a pas eu assez de discussions sur la provenance du reste, alors que le Maroc tente de réduire sa dépendance à l'égard de ses centrales électriques au gaz, au pétrole et au charbon.