Depuis l’arrestation du "président" autoproclamé de l’Etat fantôme d’Ambazonie, Sisuku Ayuk Tabe et 46 de ses compagnons le 5 janvier dernier au Nigeria, suivie de la confirmation de leur extradition au Cameroun par le ministre camerounais de la communication le 29 janvier dernier, le mystère persiste sur leurs conditions et lieu(x)de détention.
Alors qu’Issa Tchiroma Bakary, porte-parole du gouvernement a affirmé sans autres précisions qu’ils sont « entre les mains de la justice et repondront de leurs actes », les avocats des présumés sécessionnistes qualifiés de « terroristes » par Yaoundé, ont tenté plus d’une fois en vain de les renconter à la prison centrale de Yaoundé et au Sécretariat d’Etat à la defense (SED), censés les abriter.
Face à ce mystère, Maximillienne Ngo Mbe, directrice exécutive du REDHAC est montée au créneau pour dénoncer une « imposture judiciaire ». Lors de sa déclaration le 6 fevrier dernier à Douala, elle a demandé imperativement à l’Etat du Cameroun de rendre public le lieu de détention et la liste complète des extradés. Question de reveler l’identité des personnes interpellées dont des familles restent sans nouvelles des leurs dans le cadre de la crise anglophone. Le REDHAC considère que les 47 présumés sécessionnistes sont présumés innocents jusqu’à ce que leur culpabilité soit prouvée devant une juridiction impartiale, compétente et équitable.
Le REDHAC accuse le Cameroun et le Nigeria de violer les dispositions internationales qu’ils ont pourtant signées et ratifiées. Notamment la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, le droit des réfugiés tel que l’indique le Haut commissariat des Nations Unies, et du Pacte relatif aux droits civils et politiques qui stipule en son article 10 « toute personne privée de liberté est traitée avec humanité et respect de la dignité inhérente à la personne humaine ».
A son article 13 relatif à la protection des étrangers contre les expulsions arbitraires en ce que « tout étranger qui se trouve légalement sur le territoire ne peut être expulsé…à moins que les raisons impérieuses de sécurité nationale s’y opposent », ou encore en son article 14 relatif au droit à un procès équitable dont l’alinéa 2 stipule « toute personne accusée d’une infraction pénale est présumée inoccente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été également établie…à être jugée sans retard excessif… ».
Par ailleurs, dénombre le REDHAC, plus de 1000 personnes ont été arrêtées dont 125 écrouées à la prison centrale de Yaoundé depuis le début la crise anglophone en novembre 2016. L’oganisation de defense des droits humains appelle toujours le gouvernement à privelegier le dialogue inclusif à la guerre.