Au cœur de Yaoundé, dans l'enceinte du secrétariat d’État à la Défense (SED), se trouve une institution dont la réputation est entourée de mystère : la prison du SED. Cette installation, qui a vu le jour dans les années 1990, est bien plus qu'un simple centre de détention. Elle incarne la fusion entre la sphère politique et la sécurité nationale, offrant un refuge pour les détenus considérés comme les plus sensibles par le régime de Paul Biya.
Un Bastion de Sécurité et de Secret
Le SED, souvent désigné comme une « prison née de la peur », est le symbole de l'omniprésence de l'État dans la vie des citoyens camerounais. Sous l'égide du secrétariat d’État à la Défense, cette prison est bien plus qu'une simple zone de rétention : c'est un lieu où la surveillance, la politique et la sécurité se confondent. Gardé par des militaires, le SED abrite certains des détenus les plus influents du pays, dont les mouvements et les conversations sont minutieusement surveillés.
Une Atmosphère de Secret et d'Isolation
Pour ceux qui pénètrent dans ses murs, le SED représente un monde à part, où règnent l'isolement et le secret. Les détenus, souvent qualifiés de « Very Important Prisoners », vivent dans des conditions qui visent avant tout à les maintenir à l'écart du monde extérieur. Les cellules, équipées de dispositifs de surveillance sophistiqués, sont conçues pour empêcher toute communication non contrôlée.
La Vie derrière les Barreaux du SED
Les journées des détenus au SED sont rythmées par un quotidien marqué par l'isolement et la routine. Les visites sont strictement contrôlées, les conversations sont surveillées, et chaque geste est scruté de près. Malgré les aménagements récents visant à améliorer les conditions de détention, le SED reste un lieu où le pouvoir exerce un contrôle absolu sur ses occupants.
La Sécurité avant Tout
Depuis sa création, le SED a été le théâtre de nombreux événements politiques et judiciaires. Des personnalités influentes, telles que l'ancien ministre Marafa Hamidou Yaya, y ont été détenues pendant de longues périodes. La fonction première de cette prison est de protéger les secrets de l'État et de son chef, Paul Biya, en garantissant que toute information sensible reste confidentielle.
Un Symbole de la Politique de Sécurité de Biya
Au fil des ans, le SED est devenu un symbole de la politique de sécurité de Paul Biya, qui privilégie le secret et l'isolement pour maintenir son emprise sur le pouvoir. Malgré les critiques et les pressions internationales, cette institution demeure un élément clé du système de contrôle politique du régime.
Le SED incarne à lui seul les contradictions et les enjeux du système politique camerounais. Tantôt dénoncé comme un lieu de répression, tantôt loué pour sa capacité à maintenir l'ordre et la sécurité, cette prison reste un élément central du paysage politique du Cameroun. En tant que tel, le SED continue de susciter fascination et inquiétude, symbolisant à la fois le pouvoir absolu de l'État et les limites de son contrôle.