Le So'o : Plus qu'un rite, le service militaire des temps anciens chez les Beti

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Tue, 17 Jan 2023 Source: www.camerounweb.com

Des gens mourraient durant l'initiation au So'o. Aucun autre rite Beti ne peut se vanter d'être aussi pénible. Les épreuves étaient si difficiles qu'il fallait réussir des présélections pour démontrer avoir les aptitudes physiques et psychologiques pour supporter le So'o. Endurer ces épreuves, parfois mortelles, était le prix à payer pour devenir : Un homme accompli.

En ces temps là, bien avant la traversée de la Sanaga, la société traditionnelle Beti était hiérarchisée comme suit :

- Au sommet de l'échelle sociale : les hommes ayant été initiés au So'o.

- Au milieu : les "Mvôn" c'est-à-dire les candidats ayant réussi les sélections pour être initiés au So'o

- Au bas de l'échelle : les "Ebony" ou "îbon" les non-initiés qui ne valaient pas mieux que les enfants et les femmes.

Pour ne pas rester au bas de la société, les jeunes hommes devaient risquer leur vie pour avoir droit à la considération.

Devenir candidat au So'o imposait de réussir d'abord les sélections pour être "Mvôn". À l'issue de cette sélection, ceux qui étaient considérés comme trop jeunes ou fragiles étaient écartés d'office pour diminuer les risques de décès lors de l'initiation même du So'o.

Durant ces tests préliminaires, à chaque futur "Mvôn", on assignait un parrain appelé "Esia So'o " qui lui servait de guide tout au long des épreuves de l'initiation. Il se liait entre le Mvôn et son Esia So'o" une relation intime de père et fils. Le "Mvôn" ne pouvait pas épouser les filles de son mentor.

Les futurs candidats au So'o était recouverts d'une poudre appelée Ba'a question de se faire beau une dernière fois. La période des tests préliminaires n'était pas longue et à la fin ceux qui avaient échoué rentraient à la maison sous les railleries de ceux qui avaient réussi et avaient atteint le rang d'aspirants au So'o : les Mvôn.

L'étape suivante était le séjour en forêt pour y subir mainte épreuves. Il pouvait durer une quarantaine de jours. Le but des épreuves étaient de faire d'eux des hommes forts, courageux, vigoureux, capables de supporter la douleur et de garder un secret même sous la torture.

Durant ce séjour en forêt, de nombreux tests physiques étaient soumis aux Mvôn : construire une hutte sous les coups de fouet, rester des heures interminables en position du chasseur à l'affût... et bien d'autres. Des enseignements leur sont également prodigués.

À la fin de cette expédition en forêt, le retour des Mvôn se fait au rythme du son émis par une corne d'antilope (So'o) et sous les coups de fouet des initiés qui les accompagnaient. Et il avaient le corps recouverts de cette poudre Ba'a pour cacher les cicatrices et autres traces de tortures.

Vous croyez que leur calvaire était terminé ? Non!

Avec les matériaux (lianes, bois, feuilles...) rapportés de la forêt, les Mvôn devaient construire une hutte "Esam So'o " qui doit être purifiée. La purification passe par une confrontation les Mvôn et leurs aînés de l'année précédente qui ont été initiés. Les Mvôn sont attaqués, provoqués et ils doivent maintenir leur construction "Esam So'o" intact jusqu'à ce que le maître de cérémonie décide de mettre fin à l'affrontement au bout de plusieurs heures.

Là vous vous dites certainement que c'est terminé, ils ont déjà assez soufferts comme ça. Et non....

Il y'a encore l'épreuve du passage du tunnel souterrain.

Il est question pour les Mvôn de traverser en rampant un minuscule tunnel creusé généralement à côté d'une rivière.

Le tunnel est rempli de fourmis, d'épines et de pics pointus. Les Mvôn devaient traverser ses obstacles avec juste quelques petites protections aux niveaux des organes vitaux.

C'est tout ensanglanté qu'ils ressortaient de l'autre côté du tunnel (pour les plus chanceux car d'autres rencontraient la mort dansce tunnel avec un pieux empalé à la poitrine).

Les survivants de ce périple étaient invités, en guise de repas, à se partager le gras, la graisse, du So'o (Antilope) dans l' Esam So'o qu'ils avaient construit et purifié en le défendant.

De nouveaux enseignements leur étaient prodigués ainsi des interdits alimentaires.

Les candidats, les Mvôn, maintenant initiés au So'o étaient parés de dents de panthère. Et entraient dans le cercle des vrais hommes.

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