Le 28 novembre 2024 marque une date historique pour le Tchad. Dans un communiqué signé par le ministre des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, le gouvernement tchadien a annoncé la rupture de l’accord de coopération militaire avec la France, une décision qualifiée de « tournant historique ». Cette annonce intervient 66 ans après la proclamation de la République du Tchad, soulignant une volonté renouvelée d’affirmer sa souveraineté.
Pour Biaka Tedang Deret, coordinateur de l’Alliance panafricaine UMOJA, cette décision s’inscrit dans une dynamique plus large d’émancipation. « L’annonce coïncide avec une date symbolique, rappelant notre aspiration à une indépendance réelle et à des partenariats plus équitables », a-t-il déclaré.
Désormais, le Tchad s’emploiera à définir avec la France un calendrier pour le retrait progressif des troupes et le démantèlement des bases militaires françaises. Ce processus, selon Deret, devra inclure la société civile afin de renforcer l’unité nationale et d’ancrer cette décision dans la mémoire collective.
Après cette rupture, le Tchad s’oriente vers une coopération renforcée avec ses voisins tels que le Niger, le Cameroun et le Soudan. L’idée d’intégrer l’Alliance des États du Sahel (AES) est sérieusement envisagée pour coordonner les efforts face aux défis régionaux comme le terrorisme et les crises économiques. « Cette nouvelle direction marque le début de relations de coopération véritablement mutuelles et bénéfiques », estime Deret.
Le gouvernement tchadien envisage également la reconversion des bases militaires françaises. À N’Djaména, un quartier d’affaires moderne pourrait voir le jour, accompagné de la construction d’un nouvel aéroport en périphérie de la capitale. Ces projets visent non seulement à symboliser le renouveau économique du pays, mais également à renforcer son armée nationale, en améliorant les équipements et les conditions de service des militaires.
Au-delà de cette rupture avec la France, le Tchad s’affirme comme un acteur clé de l’intégration africaine, aspirant à réduire les dépendances héritées de l’ère coloniale. « Ce n’est pas seulement une question d’indépendance vis-à-vis de la France, mais un pas vers des relations plus justes entre les nations africaines », a affirmé Deret.
Si cette décision suscite un soutien croissant parmi les voisins du Tchad, elle a également provoqué des réactions critiques en France et ailleurs. L’activiste Nathalie Yamb n’a pas manqué de saluer ce tournant, déclarant : « Les bidasses français de nouveau chassés du Sahel. Vous allez quitter notre continent, jusqu’au dernier soldat français. »
Ce moment charnière pour le Tchad résonne comme un signal fort en Afrique. En redéfinissant ses alliances, le pays ne se contente pas de prendre ses distances avec une puissance ancienne, mais affirme sa volonté d’écrire un nouveau chapitre, marqué par la souveraineté et l’intégration régionale.