Le Tcs aux trousses d’Amadou Ali

Amadou Ali Photo d'archive utilisée juste à titre d'illustration

Fri, 18 Sep 2015 Source: camer.be

L’homme va rallonger, jeudi prochain, sauf contretemps, la liste des ministres en fonction déjà auditionnés par cette juridiction. À l’origine, la disparition de plus de 12 milliards, soit 6 de l’Union européenne et 6 autres issus de l’initiative d’allégement à la dette multilatérale (Iadm/Ppte) pour pallier la dégradation des établissements pénitenciers.

Dans notre dernière édition, de nombreux faisceaux d’indices nous ont fait dire qu’Amadou Ali entamait plus que jamais sa descente aux enfers. À l’origine, rapportions-nous alors, la gestion controversée des 6 milliards alloués par l’Union européenne (Ue) pour le fonctionnement des pénitenciers du Cameroun. Les faits donnent aujourd’hui raison à La Météo qui est en droit de soutenir que cette scabreuse affaire va bientôt ébranler le Tcs. Et qu’au regard des sommes en cause, sauf changement, il y sera entendu jeudi prochain. On apprend qu’il aurait saisi le chef de l’État dans ce sens.

Info ou intox ? Toujours est-il que la quiétude dont jouissait Amadou Ali est ébranlée. Car, en poussant plus loin nos investigations jusqu’au bout, il est constant que dans le cadre de la modernisation de l’administration pénitentiaire, le ministère de la Justice, sous son règne, avait obtenu (non pas un seul financement comme on l’a pensé dans notre dernière publication), mais plutôt deux. Le premier était orienté, soutiennent nos sources, au financement d’un projet ayant pour objectif : l’amélioration du fonctionnement des institutions judiciaires et carcérales ; l’amélioration des conditions de détention dans les 10 prisons centrales.

Pour cela, une convention dénommée Programme d’amélioration des conditions de détention et de respect des droits de l’homme phase II (Pacdet II) avait été signé le 19 décembre 2006 entre le gouvernement et l’Union européenne, pour un montant global de 6.438.650.000 Fcfa dont 1.200.000.000 Fcfa de contrepartie de l’État du Cameroun. Ce projet, ajoutent les mêmes sources, d’une durée de 4 ans (2007-2011), géré directement par l’Ue, avait comme ordonnateur le ministre de l’Économie.

D’après nos informateurs pas avares en détails, le deuxième financement avait également été obtenu. L’objectif ici était la modernisation des prisons et la préparation à la réinsertion sociale des détenus. À en croire nos sources, ce projet avait été financé par les fonds issus de l’initiative d’allégement à la dette multilatérale (Iadm/Ppte) à hauteur de 6.399.437.319 Fcfa, et géré par le ministre de la Justice.

Dans le même cadre, 800 millions de Fcfa avaient également été sortis des caisses de l’État pour le développement des infrastructures carcérales, l’amélioration des conditions d’hygiène des détenus, ainsi que pour l’amélioration et la sécurisation des conditions de transport.

Et de ces 800 millions, soufflent des indiscrétions, une bonne partie, environ 500 millions, auraient transité par Ecobank. Sauf que des indiscrétions font état de ce que cet établissement bancaire n’a pas pu dévoiler la destination prise par cette importante somme. Des langues d’aspic y voient l’origine des investissements de M. Ali à travers la République, de Kolofata, à Garoua, en passant par Yaoundé. Vrai ou faux ? à voir.

La goutte d’eau. Dans tous les cas, l’incendie survenu le 12 septembre à la prison centrale de New-Belle à Douala tombe mal pour Amadou Ali. Aujourd’hui, vice premier ministre, ministre délégué chargé des relations avec les Assemblées, il pourrait bien rejoindre la liste des ministres qui passent devant le Tcs.

Il n’est donc pas exclu que ce Kanuri de Kolofata, dans l’Extrême Nord du pays, trébuche. Si on y greffe entre autres, l’affaire Dooh Collins qui a englouti près du milliard, pour une mission foireuse, sans oublier l’affaire des milliards des otages dans laquelle l’ancien garde des Sceaux serait trempé jusqu’au cou, autant que son frère ennemi, Cavaye Yéguié Djibril, le président de la chambre basse.

Dire que l’homme est à un pas de la prison ne serait pas exagéré. Comme quoi, l’ancien secrétaire d’État à la Défense chargé de la gendarmerie risque finalement gros. Dans les salons cossus, nombreux sont ceux qui pensent que l’ancien ministre de la Défense a chaud depuis que cet incendie de trop de la prison centrale de Douala est arrivé.

En pleine lumière dans la désormais affaire des fonds Ppte et celle de l’Ue, serait-il prêt à donner les détails des dépenses aux enquêteurs du Tcs jeudi prochain ? Attendons voir.

Source: camer.be