Le cache-cache de Paul Biya avec les anglophones

Les Membre Du Gouvernement à Bamenda Les membres du Gouvernement à Bamenda

Fri, 10 Feb 2017 Source: cameroon-info.net

Malgré le mot d’ordre de grève levé par les leaders des syndicats des enseignants, les Régions anglophones ne retrouvent pas leur vie normale. Les décisions du Gouvernement qui appelle à la reprise des cours au Nord-Ouest et au Sud-Ouest sont soit timidement respectées soit tout simplement pas observées. Les experts interrogés sur la question donnent leur avis.

Dans son édition du 10 février 2017 le Quotidien Emergence se demande si les différents envoyés du Chef de l’Etat lui rapportent la réalité du terrain dans le cadre de la crise anglophone. Car depuis le mois de novembre 2016 où est né le problème, la situation sur le terrain semble ne pas connaître des avancées significatives. Le Gouvernement appelle à la reprise de cours, déploie les forces de maintien de l’ordre pour assurer la sécurité des élèves, mais ces derniers répondent toujours aux abonnés absents.

Après le communiqué du Ministre des Enseignements Secondaires, on a noté que quelques élèves francophones ont repris le chemin de l’école. Les grévistes en réponse à cela ont procédé par des envois de message pour menacer les parents et les enseignants. Dernièrement ils ont nuitamment fait circuler des tracts anti 11 février pour boycotter la fête de la jeunesse qui se célèbrera demain au Cameroun. Interrogés sur la question les experts donnent leur point de vue.

Pour l’homme politique Franck Essi les annonces du Gouvernement participent de la propagande gouvernementale. Il déclare «effectivement le fait que ces annonces soient spectaculairement démenties par la réalité des faits démontre à suffisance les limites de ce passage en force. Le Gouvernement a clairement choisi de ne pas répondre dans le fond aux revendications légitimes qui ont été mises sur la table, surtout celles relatives à la forme de l’Etat. Il a décidé d’embastiller tous ceux et celles qui semblaient diriger cette fronde, croyant qu’en décapitant le leadership du consortium, il arriverait à anéantir le mouvement. C’est mal apprécier la profondeur de la colère, du sentiment d’injustice et de la frustration qui travaillent les populations ressortissantes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest».

Le chercheur Gervais Nsadjo pense que les multiples annonces de retour des classes sont une campagne de business to business. «De prime abord, l’on ne peut pas dire de l’Etat qu’il soit devenu un spécialiste des annonces non suivies d’effet. A la vérité il est de son rôle de trouver les voies et moyens pour décongestionner les choses, et au plus vite. Sauf qu’ici, une nette différence devrait être faite entre précipitation et rapidité administrative. Ce qui nous paraît néanmoins regrettable dans ce qui se passe actuellement, c’est l’allure et la manière avec laquelle les déclarations, les communications et contre-communiqués, les décisions et contre-décisions sont prises et inobservées. Ceci donne l’impression d’un manque de coordination de la part des membres du Gouvernement».

Pour le politologue Dr Njoya Moussa quand il y a revendication, il faut d’abord chercher à comprendre certains des leaders. «Si ça ne marche pas on cherche un groupe alternatif pour pouvoir lever le mot d’ordre. Pour la grève des étudiants vous avez vu en 2005 le Ministère de l’Enseignement supérieur était allé jusqu’à créer l’ADDEC 2 qui n’avait rien à voir avec l’autre ADDEC. Et on était allé ramasser les enfants de la Briqueterie et prendre le personnel d’appui pour les mettre dans les prorogatifs. C’est la même méthode. Je ne suis pas surpris»

Source: cameroon-info.net