De plus en plus de voix s'élèvent pour que la mort d'Anicet Ekane soit élucidée. S'agit-il d'une mort naturelle (thèse du gouvernement) ou d'un assassinat comme plusieurs personnes le pensent ? United4Cameroun se pose également la question.
Pour cet organisme de la société civile, seule une enquête indépendante sur le décès d'Anicet Ekane et la libération des prisonniers politiques peut vraiment situer l'opinion publique. Lettre ouverte !
« United4Cameroon exprime sa profonde indignation à la suite du décès de Monsieur Georges Anicet Ekane, 74 ans, survenu le 1er décembre 2025. Arrêté à Douala en dehors de tout cadre légal, transféré à Yaoundé puis détenu illégalement dans un camp militaire sous l'autorité du tribunal militaire, Monsieur Ekane est décédé alors qu'il se trouvait sous la garde exclusive de l'État camerounais.
Nous tenons le gouvernement pour pleinement responsable de ce qui s'apparente à un crime d'État, survenu dans un contexte de privation de soins appropriés et de détention arbitraire. Ce drame s'inscrit dans un climat plus large de répression systématique et de détentions politiques abusives visant des opposants pacifiques.
Le communiqué publié par le ministère de la Défense à la suite de ce décès comporte de graves incohérences, notamment : une garde à vue prolongée au-delà des délais légaux ; des conditions de détention contraires aux normes nationales et internationales ; la présentation d'un suivi médical prétendument approprié, alors que des témoignages concordants de la famille et des avocats font état d'une dégradation alarmante de l'état de santé de Monsieur Ekane.
Nous tenons également à rappeler que l'opinion nationale n'accorde plus aucune confiance aux enquêtes prétendument diligentées par le gouvernement, celles-ci n'ayant jamais abouti à des conclusions publiques. À titre d'exemple, le ministère de la Défense, par la voix de son porte-parole, avait annoncé l'ouverture d'une enquête après la diffusion d'une vidéo montrant une scène de torture infligée à l'artiste Longuè Longuè.
Cette affaire est restée sans suite, alors même que l'identité des responsables était connue. Ce précédent, parmi tant d'autres, illustre la culture d'impunité qui mine les institutions censées garantir justice et vérité.
United4Cameroon exige l'ouverture immédiate d'une enquête indépendante, crédible et transparente ; la libération de tous les prisonniers politiques détenus dans des conditions similaires ; la fin des répressions visant les acteurs pacifiques de la vie publique.
United4Cameroon condamne également l'attitude de la communauté internationale, trop souvent prompte à réagir verbalement après les drames sans jamais adopter de mesures contraignantes visant à amener le régime de Paul Biya au respect des engagements internationaux ratifiés par le Cameroun.
Enfin, nous appelons l'ensemble des partenaires du Cameroun à exercer une vigilance accrue face aux violations graves et répétées des droits humains, et à soutenir toutes les initiatives visant à établir la vérité, la justice et la protection des libertés fondamentales », lit-on.