Le chef d’état-major des armées est assis sur une chaise éjectable

General René Claude Meka Général de corps d’armée René Claude Meka

Mon, 28 Sep 2015 Source: L'Oeil du Sahel

Les jours du général de corps d’armée René Claude Meka seraient comptés à la tête de l’armée. Depuis le mouvement d’humeur, le 9 septembre 2015 à Yaoundé, de quelques 200 soldats camerounais de retour d’une mission de paix en Centrafrique, le sujet est au coeur des discussions dans les milieux militaires.

Désormais en première ligne dans cet épisode malheureux de l’armée camerounaise, les mauvaises langues ne cessent de supputer sur le sort qui attend le chef d’état-major des armées, le général de corps d’armée René Claude Meka.

«Quel que puisse être le bout par lequel l’affaire est prise, le chef d’état-major des armées sort fragilisé de ce mouvement d’humeur sans précédent. C’est lui le patron opérationnel de l’armée, et il n’a pas été capable de canaliser des militaires de retour d’une opération extérieure», explique un proche des milieux militaires.

Les pourfendeurs du chef d’état-major des armées ne cessent de questionner depuis lors son autorité sur les troupes, passablement malmenée par cet épisode malheureux. En effet, depuis le putsch de 1984, jamais la crainte révérencielle que les soldats acquièrent au bizutage n’a autant quitté les militaires à la fois.

Pis, les soldats grévistes ne pouvaient pas ignorer qu’ils commettaient, de par leur action, une infraction passible du code de justice militaire. Mais qu’ils aient quand même choisi cette voie, suicidaire pour leurs carrières, en dit long sur la responsabilité du patron opérationnel des armées. Reste à savoir si cette analyse est partagée par le chef suprême des armées, Paul Biya.

«Les questions militaires sont des questions urgentes et le Président ne l’ignore pas. Ce qui s’est passé est un tournant qu’il faut rapidement canaliser », clament les détracteurs du général René Claude Meka qui ne doutent pas un seul instant d’être sur la même longueur d’onde que le chef de l’Etat.

Conclure qu’un certain malaise est perceptible dans les rangs de l’armée est sans doute exagérée. Néanmoins, les nombreuses réclamations, qui remontent ces derniers jours de la base vers le sommet, invitent à une nécessaire et urgente reprise en main de la grande muette.

Les déclarations du ministre délégué à la Présidence en charge de la Défense, Edgar Alain Mebe Ngo’o, à Garoua et à Maroua les 16 et 17 septembre 2015, insistant particulièrement sur les droits dus aux soldats et sur la responsabilité des chefs militaires s’inscrivent dans cette perspective.

Le ministre calme le jeu, rassure là où le chef d’Etat-major n’est guère audible auprès de la troupe. Sur le front de la guerre contre Boko Haram, les militaires des opérations «Alpha» et «Emergence» ne cessent de maudire leurs chefs, coupables à leurs yeux d’opérer des coupes sombres dans leurs avantages dus. En un mot, le management de l’armée doit être fortement revisité.

Les pourfendeurs du chef d’Etat-major des armées, propulsé à la tête des armées en 2011, ne contestent cependant pas ses qualités militaires. Engagée sur plusieurs théâtres d’opérations, l’armée camerounaise fait montre, il est vrai, d’une bravoure qui a surpris bien d’observateurs au-delà des frontières.

Et c’est justement pour maintenir cette capacité au combat, cette discipline indispensable à une armée, que des voix s’élèvent pour réclamer son limogeage. «Le général René Claude Meka n’est pas indispensable à l’armée, qui est une solide Institution.

Et même, dans un pays où l’inclination pour les postes stratégiques dans le domaine de la sécurité penche vers les régions du Centre et du Sud, ce ne sont pas des généraux valeureux qui manquent de ce côté-là. L’image de notre armée a été écornée par cet incident, le chef de l’Etat doit redorer son blason», explique un enseignant d’université.

Partisans et détracteurs du chef d’état-major s’accordent cependant sur deux points après les évènements du 9 septembre 2015. Primo : une réelle cassure entre une hiérarchie militaire des années 60 et une troupe des années 90. Secundo : les ennemis du Cameroun ont compris que l’armée pouvait aussi être un terreau fertile à toute manoeuvre de déstabilisation.

Source: L'Oeil du Sahel