Le commandant ayant volé 75 000 FCFA à une famille suite à un accident mortel est entendu à la Semil

Le moment de rendre compte arrive toujours, à un moment donné. Nous apprenons du journaliste Boris Bertolt que le commandant de la brigade de Sa'a qui a volé 75 000 francs CFA à une famille suite à un accident est entendu par la Sécurité militaire (Semil). Récit du lanceur d'alerte.

Samedi dernier, un homme dans la quarantaine, Ngassa Bidima Apollinaire du village Ebogo à 7 km de la ville de Sa'a, a eu une crevaison de roue, alors qu'il était à moto avec ses deux enfants. L'aîné, Adzogo Ngassa, 15 ans, élève en 4ème Année au lycée technique de Sa'a, a malheureusement eu la mauvaise idée de sauter de l'engin. Issue fatale : il est mort, la tête fracassée sur le goudron.

Le père, selon usages, se rend à la brigade de gendarmerie de Sa'a, déclarer la mort tragique de son fils que le reste de la famille achemine à la morgue de l'hôpital de district de la ville. Surnommé "monsieur 50 mille francs", l'adjudant-chef major Nyangono Raoul exige 50 mille, au père sous le choc, contre une garde-à-vue.

On attend toujours Ngassa Bidima Apollinaire à la morgue pour les formalités administratives. Il n’arrive pas. Le commandant de brigade l'a fait asseoir sur le banc, tout près de la cellule, et lui dis ouvertement que sa liberté est conditionnée par un paiement de 50 mille francs.

L'un des cousins du défunt se déporte à la brigade de gendarmerie, et donne 50 mille francs CFA au commandant de brigade. Ce dernier dit que le temps où il pouvait tolérer 50 mille francs est déjà expiré, et qu'en guise de pénalité, il faut encore 25 mille. La belle-famille de Ngassa Bidima Apollinaire remet les 25 mille francs à l'adjudant-chef major Nyangono Raoul.

Pour un élève de 15 ans qui meurt tragiquement, aîné d'une famille, et qui devait présenter l'examen de CAP, le commandant de brigade de gendarmerie de Sa'a a extorqué 75 mille francs à la famille. Le cadet des enfants de Ngassa Bidima Apollinaire est sous soins à l'hôpital de district de Sa'a.

Informé de la gravité de la situation, le commandant de compagnie de Monatélé et la Semil sont descendus à Sa'a hier dimanche, pour s'enquérir de la situation. Ils se sont rendus au village Ebogo rencontrer le père de l'adolescent, et entendu des témoins.

Résultats des enquêtes : le commandant de brigade de gendarmerie de Sa'a a effectivement reçu 75 mille francs de la famille, pour dit-il, ne pas envoyer le père du défunt en garde-à-vue.

Alors qu'il s'est toujours vanté d'être intouchable, parce que originaire du village Meyomessala dans le Dja-et -Lobo (région d'origine de Paul Biya dans le Sud Cameroun), l'adjudant-chef major Nyangono Raoul est plutôt en sursis, parce que les Manguissa, l'éthnie Beti qui peuple le village Ebogo et l'arrondissement de Sa'a, se disent prêts à marcher pour aller déposer le corps de leur fils à la brigade de gendarmerie de Sa'a pour que le commandant de brigade s'en occupe.