Le coup d'état au Gabon divise au Cameroun

Paul Biya PaulBiya BiyaPaul PaulB Ali Bongo est déposé par sa garde présidentielle

Mon, 4 Sep 2023 Source: Le Messager du 046-09-2023

Depuis la chute d'Ali Bongo Ondimba, si l'opinion publique internationale s'en émeut très peu, au 237 la désappréciation va dans tous les sens.

Il y a deux camps qui s'engouffrent dans la tentation de dévaluer l'importance du coup de force survenu au Gabon. Il y a d'abord ces empressés qui considèrent qu'il s'agit tout simplement d'une révolution du palais et que rien n'a fondamentalement changé. Ils sont à court d'idée ou frappés de cécité qui sied aux gens de mauvaise foi, pour oser avancer que le nouvel homme fort du pays est membre de la famille Bongo. Et là, le but est bien compris qu'il faut faire croire que le Gabon est toujours sous l'emprise de la descendance d'Omar Bongo, le deuxième chef de l'État du Gabon. Or précisément, les Gabonais dans leur immense majorité n'ont rêvé que du départ de ce dernier depuis le retour du pays au multipartisme.

Si les citoyens de ce pays sont descendus massivement dans la rue pour saluer le coup de force, c'est tout simplement une sorte de réponse divine à leurs multiples supplications depuis tant d'années. La liste des Gabonais dont les victoires sont reconnues volées au sein de l'opinion s'allonge : Père Mba Abessole, André Mba Obame, Pierre Mamboudou, Jean Ping, Ondo Ossa.

Le coup d'État est donc perçu comme une sorte de correctif venu du ciel pour réparer ces longs espoirs déçus. Pour ceux des Camerounais ou des observateurs qui parlent d'un faux coup d'État, ils sont loin d'imaginer ou de mesurer la longue attente d'un peuple pour vivre un changement de clan ou de famille à la tête de leur Etat. C'est fait et la réjouissance des Gabonais n'a de limite ni de qualificatif. Elle est vraie, sincère et réelle. Que peuvent les multiples désaprobations sur Facebook face à cela? La deuxième catégorie des Camerounais qui s'irtitent d'émotion sont les partisants du respect de l'ordre constitutionnel, de ceux qui estiment que l'armée doit s'interdire de connaître des affaires politiques. Du point de vue légal, cette posture a tout son sens mais de là à s'exprimer comme si le Gabon était le premier pays démocratique au monde où se perpétue un coup de force alors que dans le Sahel on vit une épidémie de coups d'État, a quelque chose de malsain. Pour ce peuple gabonais fier de ce moment unique de son histoire et qui le manifeste joyeusement, vouloir lui prêter des intentions d'immaturité a quelque de prétentieux, d'inacceptable ou d'incompréhensible.

Retour à l'ordre constitutionnel

En quoi les Camerounais sont-ils intéressés par la chute d'Ali Bongo plus que les Gabonais? Au sommet de l'État du Cameroun, même le gouvernement n'a repris que le minimum comme l'ont d'ailleurs dit les institutions communautaires à l'exemple de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC) et la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC). Tous demandent timidement, sans menaces, le retour à l'ordre constitutionnel, l'intégrité physique et la sécurité de la famille d'Ali Bongo. Point à la ligne. Aucune sanction. Le coup d'État au Gabon, qu'on l'appelle tentative de coup de l'État, va tout de même son chemin et le peuple est ligué derrière celui qui a brisé le joug. Le reste viendra après mais pour l'instant, il savoure la chute de la forteresse. Et ce n'est que justice et normal.

Source: Le Messager du 046-09-2023