Ils s’appellent « suiveurs », « abonnés » ou « fans ». Mais en réalité, beaucoup de ceux qui passent leurs journées à rafraîchir les pages Facebook de petits prophètes du chaos comme mon petit Gustave alias N’zui Manto sont devenus des malades numériques.
Leur mal porte un nom scientifique : le doomscrolling. C’est cette habitude compulsive de faire défiler sans fin les réseaux sociaux pour chercher, consommer et partager des nouvelles négatives.
Un attentat ici, une manipulation politique là, des rumeurs de mort, de guerre ou de trahison : l’esprit s’y accroche, le cœur s’y enferme, et l’âme s’y empoisonne.
En clair, c’est la dépendance à la peur. Et plus on la nourrit, plus elle grandit. Les Camerounais en sont devenus les nouvelles victimes silencieuses :
Ils se réveillent et s’endorment le téléphone à la main, le regard fixé sur les statuts d’influenceurs improvisés en journalistes. Ils vivent dans un état d’alerte permanent, persuadés que le pays brûle chaque minute.
Ils développent une fatigue émotionnelle, une anxiété chronique, une perte de concentration et un pessimisme général. Certains, pris au piège de la désinformation, deviennent eux-mêmes agents de propagation du désespoir collectif.
Le doomscrolling transforme la peur en routine, la colère en reflexe et l’écran en miroir de la dépression nationale. Voici quelques conséquences du doomscrolling sur la santé des Camerounais. Psychologiques : troubles du sommeil, angoisse, irritabilité, dépression légère à sévère.
Physiques : migraines, douleurs cervicales, fatigue oculaire due à la surexposition aux écrans. Sociales : perte de lien réel, isolement, méfiance de tout et de tous. Civiques : affaiblissement du sens critique, manipulation politique, confusion entre faits et rumeurs.
Les followers des pages comme N’zui Manto, sans s’en rendre compte, ne suivent plus un homme : ils suivent une spirale de négativité qui les dévore. Le Cameroun a besoin de citoyens lucides, pas d’otages émotionnels de Facebook. Et pour cela, il faut résister à l’économie de la peur.
Le doomscrolling est la nouvelle arme de destruction psychologique massive. Chaque fois qu’un Camerounais scrolle sans réfléchir, quelqu’un ailleurs se frotte les mains : les marchands de clics, les manipulateurs de conscience, les politiciens du mensonge.
Résister au doomscrolling, c’est protéger son esprit, sa santé et sa patrie. La véritable révolution aujourd’hui, ce n’est pas de crier en ligne c’est de reprendre le contrôle de son attention.