Le duel Mvondo Ayolo - Ngoh Ngoh/ Les Architectes de l'ombre : qui sont les vrais détenteurs du pouvoir à Yaoundé

Biya Reunion Etoudi Mvondo Ngoh Image illustrative

Wed, 12 Nov 2025 Source: www.camerounweb.com

Alors que Paul Biya s'apprête à former son nouveau gouvernement, une enquête exclusive de Jeune Afrique révèle comment deux hommes se disputent discrètement les rênes du pouvoir camerounais depuis plusieurs années.

Selon les révélations de Jeune Afrique, Ferdinand Ngoh Ngoh et Samuel Mvondo Ayolo incarnent aujourd'hui les deux pôles de pouvoir les plus influents du régime. Le premier, ministre d'État depuis 2011, a transformé le secrétariat général de la présidence en "un lieu de pouvoir redouté", comme l'indique notre enquête. Le second, ancien diplomate qui dirige le cabinet civil depuis mars 2018, monte progressivement en puissance.

Cette rivalité structure désormais l'ensemble de l'appareil d'État. Jeune Afrique a établi que les "clans qui se querellent aujourd'hui étaient déjà formés" lors du remaniement de 2019, révélant ainsi une guerre d'influence qui dure depuis au moins six ans.

L'investigation de Jeune Afrique met en lumière un phénomène remarquable : la longévité exceptionnelle de certains caciques du régime. Laurent Esso, qui a débuté comme secrétaire général adjoint de la présidence en 1988, n'a "plus jamais quitté la Justice" depuis 2011. Jacques Fame Ndongo occupe l'Enseignement supérieur sans interruption depuis la même date.

Notre enquête révèle également le parcours d'Adolphe Moudiki, aujourd'hui directeur de la Société nationale des hydrocarbures, qui fut l'un des premiers choix stratégiques de Biya en 1988 comme directeur du cabinet civil. Ces trajectoires dessinent une carte du pouvoir réel, bien au-delà des organigrammes officiels.

Jeune Afrique a analysé les six remaniements post-électoraux depuis 1988 et constate une constante : l'utilisation des anglophones comme "fusible politique". De Simon Achidi Achu (1992) à Joseph Dion Ngute (2019), en passant par Peter Mafany Musonge et Philémon Yang, la primature est systématiquement confiée à un anglophone dans les moments de tension.

Cette stratégie, révèle notre investigation, vise à "donner des gages d'ouverture" sans jamais céder le contrôle des ministères régaliens – Défense, Administration territoriale, Justice – qui restent aux mains de proches francophones du président.

Le prochain remaniement confirmera-t-il cette architecture du pouvoir ou Paul Biya, à 93 ans, bousculera-t-il enfin ses propres habitudes ?

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