Il aurait sans doute fallu plus que les quatre heures qu’ont duré les échanges de mardi après- midi au Sandton Convention Center de Johannesburg pour trouver une issue à l’épineuse question du financement de la décentralisation sur le continent africain. Organisés par le Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale (Feicom) dans le cadre du 7e Sommet Africités, et placé sous la présidence de René Emmanuel Sadi, les échanges ont permis aux uns et aux autres de remettre sur la table la question du financement du développement local, et partant des collectivités locales.
Sur le thème « Financer le développement en Afrique : renforcement de l’intermédiation financière pour les gouvernements locaux régionaux », les participants, magistrats municipaux, responsables des structures de financement du développement local, responsables des institutions internationales intervenant dans le domaine ont procédé à un diagnostic sans complaisance des collectivités locales en Afrique et à un échange d’expériences. En ouvrant cette session, René Emmanuel Sadi a indiqué que « le financement reste la problématique essentielle, voire indispensable car sans financement conséquent, il est évident qu’aucun projet de développement n’est envisageable ». S’adressant aux participants, il a salué une problématique qui comporte des enjeux certains et des contraintes réelles.
Pour le chef de la délégation camerounaise à ces assises, « les enjeux du financement du développement local en Afrique sont portés par les aspirations profondes de l’ensemble des peuples africains ». Il a rappelé que la mission cardinale de tout Etat consiste, en plus de veiller à la sécurité des personnes et des biens sur son territoire national « à accompagner son peuple dans sa quête permanente du bien-être ». Toutes choses qui ne pourraient néanmoins se faire sans la participation des populations concernées. Dans ce contexte, les participants n’ont pas manqué de relever l’expérience camerounaise en matière de financement des collectivités locales. Une expérience qui a consisté pour les pouvoirs publics à mettre sur pied depuis plus de 40 ans une structure spécialisée en la matière, le Feicom. Toutefois, selon l’ancien président de la Commission des Finances de la ville de Dakar et représentant du maire de la capitale sénégalaise Khalifa Sall, les collectivités locales africaines ont intérêt à se tourner vers la transparence et la reddition des comptes pour espérer bénéficier de la confiance de bailleurs de fonds autres que l’Etat. Ce que semble avoir compris la capitale sénégalaise, elle qui a reçu d’importants financements notamment en matière d’amélioration de l’éclairage public (plus de 6 milliards de F) et pour l’aménagement de feux tricolores pour un montant de 4 milliards de F.
Ce qui empêche la municipalité sénégalaise d’être entièrement dépendante de l’Etat. Toutefois, s’il est avéré que les pouvoirs publics restent la principale source de financement de nos communes, il faut, d’après François Yatta, expert financier auprès des Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (Cglua) que les Etats allouent quatre fois plus de ressources qu’ils ne le font en ce moment en faveur des collectivités locales. Car, la part transférée par les Etats aux collectivités locales dépasse à peine 8% des ressources publiques. Insuffisant pour des structures appelées à œuvrer pour le bien-être des populations au quotidien.