Le 'financier' de Paul Biya et son prétendu fils en guerre

Paul Biya Paulbiya Présidentcamerounais C'est la guerre entre le ministre Louis Paul Motaze et Christophe Ketchankeu

Wed, 28 Jun 2017 Source: Boris Bertolt

C’est la guerre ouverte aujourd’hui entre le ministre de l’économie et de la planification (MINEPAT), Louis Paul Motaze, surnommé par ses collègues du gouvernement « MINISTRE DU CIEL, DE LA TERRE ET DE LA MER » du fait des grands projets qu’il gère et le percepteur de l’ambassade du Cameroun en France, Christophe Ketchankeu, en poste depuis près de 30 ans et officiellement en retraite depuis près de 10 ans.

Au milieu de cette bataille, un homme, Samuel Mvondo Ayolo, l’ambassadeur du Cameroun en France, qui se prévaut d’être un « fils du président », mais également très influent à Yaoundé.

Avant sa nomination comme ambassadeur, son nom avait d’ailleurs circulé dans les salons de la capitale politique comme potentiel directeur du Cabinet civil de la présidence (DCC) en remplacement de Martin Belinga Eboutou. Ambassadeur au Gabon à cette époque, c’est à Paris qu’il déposera ses bagages. C’est un grand ami, entretenant des relations privilégiées avec le ministre du ciel et de la terre et de la mer.

Affaire Nkap

Au départ, D’après nos sources, il s’agit d’un conflit autour des finances qui l’oppose à Christophe Ketchankeu. Mvondo Ayolo réclame des sommes d’argent au percepteur qui refuse de débloquer ne trouvant pas d’intérêt. D’après les certains responsables de l’ambassade, en deux mois Mvondo Ayolo aurait bousillé certaines lignes de dépenses annuelles destinées à l’ambassade.

N’ayant pas de contrôle sur son percepteur, Mvondo Ayolo se tourne vers Yaoundé. L’argent acheminé à Paris est à nouveau parfois bloqué par le percepteur. Y compris les sommes qui ont été autorisées par son ami Louis Paul Motaze. En plus, « Ketchankeu veut mettre l’œil partout. Y compris sur les choses qu’il ne devrait pas voir. Il veut tout contrôler ». Souligne une source.

Samuel Mvondo Ayolo, l’ambassadeur du Cameroun en France et le ministre de l’économie et de la planification (MINEPAT), Louis Paul Motaze

C’est dans ce contexte que les deux tourtereaux décident d’envisager son départ. A travers de multiples correspondances et en faisant jouer leurs relations dans l’entourage familial du chef de l’Etat, le ministre du ciel et de la terre et et de la mer et son ami Mvondo Ayolo engagent le processus pour virer Christophe Ketchankeu. Louis Paul Motaze propose au président Biya et son entourage un nom, un proche, qui porte d’ailleurs son pratonyme : Casimir Motaze, la trentaine, inspecteur du trésor, originaire de Meyomessi, comme par hasard le village de Louis Paul Motaze.

Décaissements sur décaissements

Christophe Ketchankeu, qui est considéré comme l’homme le plus puissant de l’ambassade du Cameroun à Paris, ayant également tenu tête à l’ancien ambassadeur, Lejeune Mbella Mbella décide d’activer ses réseaux pour contrecarrer l’opération. Comment est-il parvenu ? D’après nos sources, l’actuel percepteur de l’ambassadeur du Cameroun à Paris est un homme de main de Paul Biya.

Paris étant une plaque tournante pour le Cameroun c’est lui qui depuis des années effectuent toutes les opérations financières légales ou mafieuses. Y compris certaines autorisées directement par le chef de l’Etat. Il s’agit donc d’un homme qui a la confiance du couple présidentiel. Au courant des manœuvres de Ketchankeu que le ministre du ciel et de la terre et de la mer accuse d’insubordination et arrogance, Louis Paul Motaze entre dans une colère et jure d’avoir sa tête.

Selon un fonctionnaire de l’ambassade, de passage à Paris, au cours d’une réunion dans le bureau de l’ambassadeur, après avoir écouté toutes les manœuvres du percepteur, il aurait lancé : « Moi je vais montrer à Ketchankeu que tout ce qu’il fait aux autorités camerounaises, il ne peut pas me faire cela et ne fera plus cela à personne ». Sur ces propos, il quitta le bureau de l’ambassadeur.

Comme lavait déjà indique la lettre du continent, il faudrait rappeler que 900 millions Fcfa de « délégation de crédit » ont été versés à Samuel Mvondo Ayolo depuis son affectation, par le ministre des Finances, Alamine Ousmane Mey. Le 25 juillet 2016, 149 millions versés pour « prise en charge de la résidence provisoire de l’ambassadeur ; le 28 juin 2016, 225 millions pour « prise en charge des activités stratégiques de coopération. Le 31 août 2016, le ministre du ciel et de la terre ( Motaze) ordonne au directeur du budget de virer 295 millions Fcfa à Mvondo Ayolo pour « prise en charge équipement de la résidence provisoire de l’ambassadeur ». Le 30 septembre, un virement de 200 millions Fcfa est effectué à nouveau pour « prise en charge des activités stratégiques de coopération. Ainsi en deux mois, Mvondo Ayolo, bénéficiant de l’appui du « ministre du ciel et de la terre » a fait débloquer par l’Etat du Cameroun près de 500 millions de Fcfa pour des « activités stratégiques de coopération ».

Ennemis jurés

Selon nos sources, il s’agit d’une « guerre de lions » entre Louis Paul Motaze et Ketchankeu. Le ministre du ciel et de la terre et de la mer ne cache plus son ambition de succéder à Paul Biya. D’ailleurs d’après des sondages il entretient une image positive au sein d’une partie de l’opinion.

Plus il est présenté comme l’un des « fils du chef de l’Etat » qui lui a confié tous les projets de l’émergence. Pour comprendre sa proximité, souligne un membre du gouvernement : « il a un numéro personnel sur lequel Paul Biya peut le contacter directement. Ils seraient d’ailleurs moins de 10 bénéficiant d’un tel privilège dans la République ». Christophe Ketchankeu quant à lui c’est le financier.

Dans certains milieux, présentés comme l’un des gestionnaires des transactions financières du couple présidentiel. Il s’agit dès lors d’un homme de l’homme mais très puissant. Un diplomate de l’ambassade de France à Paris confie : « la bataille Ketchankeu – Motaze, est plus perverse que celle de Nsola et Mebe Ngo’o. Mebe Ngo’o a la puissance de l’argent tandis que Motaze a la confiance du chef de l’Etat. C’est Ketchankeu qui tombera. D’ailleurs Motaze l’a juré ».

Source: Boris Bertolt