La deuxième journée de la visite du pape François en République démocratique du Congo s’est soldée mercredi par le choc et l’émotion, lors de la rencontre entre le souverain pontife et les victimes des violences qui secouent l’est du pays depuis trois décennies. Certains témoignages sont tout simplement traumatiques. Mais l'homélie d'espoir du souverain leur redonne espoir.
Prenez garde, certaines parties des témoignages peuvent être choquantes.
C’est dans une ambiance très lourde que s’est déroulée, à l’aumônerie de Kinshasa, la rencontre entre le pape François et les victimes rescapées du conflit à l'est de la RDC.
Les images sont déconcertantes et les déclarations choquantes. Comme celle faite par cette dame, qui parle au nom des survivants des atrocités de Bukavu et de Uvira dans le sud Kivu.
Elle raconte au pape les épreuves difficiles qu'elle a subies entre les mains de ses ravisseurs.
"J’ai été retenue comme esclave sexuelle et j’ai subi des maltraitances pendant trois mois. Chaque jour, ils nous faisaient manger la pâte de maïs et la viande des chairs des hommes tués", raconte-t-elle devant une assistance médusée.
"Quelquefois, ils mélangeaient les têtes des gens dans la viande des animaux qu’ils nous faisaient manger", poursuit-elle.
"Celui qui refusait de les manger, on lui coupait les mains et on nous faisait manger sa chair. On nous surveillait pour ne pas nous échapper. Par grâce, je me suis échappée lorsqu’ils nous envoyaient puiser de l’eau à la rivière", dit-elle, la voix cassée d'émotion.
Le pape a le regard perdu, lorsque l'abbé Guy Robert Mandrodelo prend la parole. Ce prêtre, survivant mutilé lui aussi, officie dans une paroisse de Djugu en Ituri. Il a préféré entamer son propos en levant sa main gauche, sur laquelle ils ne restent que deux doigts.
Devant près de 2 millions de personnes, le pape François a prôné dans son homélie la culture de la paix et de l’humilité.
La paix, l’amour et le pardon sont les piliers surlesquels le pontife de 86 ans a basé son homélie.
S’adressant à ces milliers de personnes venus communier mercredi, le pape François les a invitées à pardonner et à demander pardon à ceux qu’ils ont offensés afin de ramener la paix en République démocratique du Congo. Un appel qui a répondu aux attentes de plusieurs.
"Dans son homélie, il a en tout cas insisté sur l’unité et cela a été un message très fort pour nous et un signe d’espoir parce que le Congo est un pays pour nous qui souffre et cette visite de notre père, le pape François est une visite de réconfort qui nous donne l’espoir", témoigne un homme.
"C’était une homélie magnifique avec les trois tentes dont il a parlé, qu’il faut savoir rechercher la réconciliation et la paix. Et c’est très important. Le peuple congolais est plein de diversités et nous pouvons être un dans toutes ces diversités. Et je pense que c’est ce que le pape nous dit", affirme une femme catholique.
Pour Patrick Muyoya, le porte-parole du gouvernement congolais, l’homélie du pape s’adresse aussi à tous ceux qui ont le pouvoir et qui peuvent militer pour le retour de la paix en RDC.
"La parole, l’homélie de Pape François aujourd’hui correspondait à ce qu’on attendait comme message. Il a prêché pour le pardon, il a prêché pour l’humilité. Il a rappelé qu’il était le défenseur des pauvres, de ceux qui souffrent. Nous pensons que dans la suite du message qu’il a lancé hier, le message a été capté à la foi pour nous Congolais mais aussi à ceux qui peuvent agir pour que la paix revienne."
Ce jeudi, le pape François s’entretient avec les jeunes au stade des Martyrs de la capitale congolaise.