Le jour où Paul Biya aurait pu ne jamais devenir président du Cameroun

Paul Biya

Wed, 3 Nov 2021 Source: www.camerounweb.com

• Il y a 39 ans, l’actuel chef d’Etat du Cameroun a failli ne pas accéder au pouvoir

• Ce jour était un mercredi 3 novembre 1982

• Ce jour, l’ancien président Ahidjo a failli ne pas arriver au bout de sa décision de ne pas démissionner


Le récit des faits relatés par Jeune Afrique et le journal Le Monde fait savoir que l’ancien chef de l’Etat camerounais Ahmadou Ahidjo avait décidé de se retirer au profit de Paul Biya qui était son Premier ministre à l’époque. Aux dernières heures de sa démission, il a failli succomber à la tentation de se maintenir aux affaires face aux pressions qu’ont exercées plusieurs de ses proches sur lui.

Ce jour, c’était pile ou face, et Ahmadou Ahidjo qui était devenu indécis face aux pressions de sa femme, ses amis et de quelques membres de son régime, une fois la date qu’il s’était fixée (ou qu’on lui avait fixée). Ahidjo a fini par démissionner et Biya est monté au pouvoir.

Mais l’on a su quelques années plus tard, qu’il aurait pu revenir sur sa décision. Et dans ce cas, Biya n’allait jamais monter au pouvoir et s’y accrocher depuis.

Dans un article, notre confrère Camer.be informe d’ailleurs que «le 3 novembre, il rentre secrètement à Yaoundé. Au bas de la passerelle, le protocole est réduit au strict minimum, le secrétaire général à la présidence de la République, Samuel Eboua, et le Premier ministre, Paul Biya, sont les seuls autorisés à venir l’accueillir. Il se retire ensuite au Palais d’Etoudi flambant neuf, où il avait aménagé juste quelques temps avant. C’est dans le secret de ces murs que tout s’est joué définitivement, c’est là que l’ex président a dû résister à toutes les tentations de rester, à tous les efforts de son épouse pour le dissuader d’abord, ensuite pour orienter ses choix pour un successeur. Les bases constitutionnelles avaient été posées avant, et Ahidjo veut faire vite. Quelques heures plus tard, il convoque le Premier ministre Paul Biya et l’informe de sa décision de lui passer la main ».

C’était un mercredi 3 novembre, il y a donc 39 ce mercredi 3 novembre 2021 que le destin du Cameroun a basculé.

L’homme qui aurait pu empêcher Biya d'être président en 1992

Dans une tribune publiée il y a quelques semaines, l'activiste Arol Ketch raconte l'histoire de Louis Gabriel Djeudjang, ancien Procureur Général près la Cour Suprême du Cameroun.

Ce procureur connu pour sa droiture et son intolérance à l'injustice a fait lui-même face à cette "injustice" il y a quelques années. La rédaction de CamerounWeb vous propose la tribune de Arol Ketch.

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"J'ai beaucoup pensé à ce Papa aujourd'hui et un jour, il faudra que justice soit rendue. C’est pour cela que je parlerai de cette histoire encore et encore pour vaincre l’oubli. J'ai l'intime conviction que si cet homme avait été président de la cour suprême, Paul Biya n'allait jamais être président de la République du Cameroun. En effet, Paul Biya est élu Président de la République à la suite de l'élection présidentielle contestée de 1992 d'abord parce que le président de la cour suprême, Alexis Dipanda Mouellé lui était acquis. Paul BIYA avait pris le soin d'écarter à ce poste un homme un droit et indépendant. Voici un fait oublié de l'Histoire du Cameroun qui a pourtant changé la destinée du Cameroun.

Alors qu'il devait occuper le poste stratégique de Président de la cour Suprême du Cameroun à la suite de M. NGUINI, Louis Gabriel Djeudjang, magistrat hors hiérarchie a du jour au lendemain été écarté de la magistrature camerounaise sans explications. C'est ainsi qu'une fois Louis Gabriel Djeudjang écarté, le poste de président de la cour Suprême a été confié à Alexis Dipanda Mouellé. C'est celui-ci qui va déclarer Paul Biya vainqueur de l'élection présidentielle de 1992. Élection dont les observateurs avertis, reconnaissent aujourd'hui qu'elle avait été remportée par Ni John Fru Ndi. M.Djeudjang ancien conseiller technique de Ahmadou Ahidjo, estimait que son appartenance ethnique était la cause de sa mise à l’écart dans la magistrature camerounaise. Il va même jusqu’à déclarer qu’il n’aurait pas été issu de cette tribu durement ostracisée depuis la colonisation, qui a payé lourd tribu lors des revendications camerounaises pour s’émanciper en obtenant l’indépendance, il aurait terminé sa carrière comme président de la cour Suprême. En ce début des années 90, M. Djeudjang reçoit un décret qui l'appelle à d'autres fonctions. Cependant, le décret ne précise pas la fonction ou le poste.

Le brillant magistrat Djeudjang ira simplement attendre quartier et contre toute attente, c'est en 2006 qu' il recevra plutôt une notification de sa mise à la retraite signée en 2002 avec effet rétroactif depuis 1994. Plus graves encore, l'homme n'a jamais perçu un copec comme pension retraite.

Malgré tous les recours initiés auprès de ses anciens collègues Foumane Akame et Clement Atangana, il ne reçoit que porte close, dédain et insultes. C'est à la suite de ce drame personnel, cette humiliation qui fit beaucoup de mal à sa famille, qu'il décida de trainer le Cameroun devant les hautes juridictions internationales".

Source: www.camerounweb.com