Condamné à trois ans de prison, Me Harissou libéré. Les trois journalistes impliqués dans l’affaire de complot contre la République, Ebole Bola, Rodrigue Ntongue Deutchoua, Baba Wamé ont été déclarés hier ‘non coupables’ par le tribunal militaire de Yaoundé. Me Harissou pour complicité de non-dénonciation d’outrage à chef de l’Etat a été condamné à trois ans de prison. L’équivalent des années passées en détention. Il pourra donc recouvrer sa liberté dans les prochains jours, après les formalités de levée d’écrou. Par contre, Abdoulaye Sidiki, son principal co-accusé, a écopé de 25 ans de prison pour non dénonciation d’entreprise criminelle. A sa sortie d’audience, le notaire de Maroua nous a livré sa première interview d’homme libre
A quoi pensez-vous à l’issue de ce long et éprouvant procès ?
De prime abord je dis Merci à Dieu, Allah tout puissant et miséricordieux. Je suis bien sûr très heureux de retrouver ma famille, mes amis et mes confrères du monde entier qui m’ont soutenu contre vents et marées durant ces trois années très difficiles que j’ai vécues dans mon âme et ma chair. C’est avec une grande émotion que je me rappelle de ma consœur Dorette Dissakè qui a disparu dans le train de la mort à Eseka. Elle a été la première à partir à ma recherche après mon interpellation en 2014. Arrivée au Sed, on lui a posé la question suivante : « vous ne savez pas que c’est un monsieur dangereux ? » Elle a répondu : « il est dangereux pour vous pas pour moi ! » Et après mon transfert à la prison principale de Yaoundé, elle n’a cessé de me rendre visite et de me choyer jusqu’à sa disparition. »
Beaucoup de journalistes ont été présents à cette ultime audience. votre affaire a suscité beaucoup de curiosité…
Justement je n’oublie pas les médias, les vrais qui ont apporté au public les péripéties et les rebondissements de cette scabreuse affaire. Particulièrement le quotidien Le Messager qui n’a manqué aucune audience et a rendu régulièrement compte du procès.
Que pensez-vous du verdict ?
Le juge Edou avait jusqu’ici très bien apprécié les faits et le droit. C’est dommage qu’il n’ait pu aller jusqu’au bout de la logique que lui imposait les faits et la loi. Je comprends qu’il n’ait pas eu le courage de confondre ceux qui ont participé au montage grossier de ce dossier pour tromper le chef de l’Etat en m’infligeant cette peine qui n’a nullement pas sa raison d’être. Je remercie solennellement les avocats, notamment Me Saskia Ditisheim qui est venu plusieurs fois de Genève m’assister gracieusement, mais aussi tous les avocats de mes co-accusés qui nous ont défendus avec brio, compétence et professionnalisme. J’exprime ma reconnaissance aux Ong nationales et internationales de défense des droits de l’homme qui n’ont ménagé aucun effort afin que le procès soit juste et équitable. Il en est de même des organisations internationales avec lesquelles je collaborais avant mon arrestation qui ont contribué à me témoigner leur confiance malgré la gravité des charges retenues contre moi. Bien sûr je ne saurais taire ma confraternité émotionnelle et ma gratitude vis-à-vis de mes confrères qui m’ont soutenu de manière inconditionnelle et renouvelé tous mes mandats électifs bien que je sois dans cette situation. L’Union internationale des notaires dont les 89 présidents des pays membres ont signé des pétitions pour moi adressées au gouvernement camerounais et surtout l’Associations des notaires francophones dont le président Laurent Desjoie et le délégué général Anne-Marie Cordelle ainsi que les administrateurs Régine Dooh Collins et Amadou Moustafa Ndiaye, m’ont prouvé que je faisais partie d’une famille solide et solidaire. Grâce à leur indéfectible amitié et leur confiance inébranlable, j’ai pu garder un moral très haut qui m’a permis de tenir.