Thomas Dupont Obiegni nargue le Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation qui lui demande de remettre cette dotation de l’ Etat aux bénéficiaires.
Les producteurs de cacao et de café du département du Mbam et Inoubou dans la région du Centre réunis au sein du GIC Fuprocino louent une maison d’habitation dans l’arrondissement de Ndikinimeki pour stocker leurs marchandises transportées depuis les plantations par un mini camion garé dans la cour du domicile de Yiity Palisson.
Le président du comité de surveillance du GIC Fuprocino, un homme affable et taciturne, indique que les planteurs avaient vu grand il y a quelques années en achetant une machine de décorticage de café et en sollicitant une dotation de l’Etat pour la construction d’un grand magasin.
«Le moteur de la machine est gardé dans la chambre à coucher d’un membre», lance le vieil homme dépité qui ajoute que cette mesure vise à empêcher la détérioration ou le vol de l’engin. Les accessoires de la décortiqueuse sont exposés en plein air aux intempéries dans une cage en planches pourries en attendant que le magasin devant l’héberger soit construit.
Peu avant 2014, ces planteurs avaient sollicité auprès de l’Etat un soutien financier pour la construction de deux magasins de stockage de cacao et de café, c’est-à-dire un grand magasin à Ndikinimeki et un autre, plus petit, dans l’arrondissement de Nitoukou où le GIC Fuprocino a deux unions de producteurs.
«Il était question que le camion aille porter la marchandise du petit magasin de Nitoukou pour le magasin central à Ndikinimeki», dit Hypolite Loko, un membre du GIC.
C’est tout confiant que les planteurs ont monté le dossier de demande de financement qui fut accepté par l’Etat. Le Fonds Spécial d’Equipement Communal(Feicom) a décaissé 18 millions de fcfa pour la commune de Ndikinimeki et environ 16 millions fcfa pour celle de Nitoukou avec pour instructions fermes de remettre la totalité de l’argent aux producteurs bénéficiaires.
Selon Hyppolite et Yiity, après le décaissement, le maire de Ndikinimeki a convoqué une réunion au cours de laquelle Thomas Dupont Obiegni a demandé aux producteurs de choisir le site du prochain magasin. Au lieu de remettre l’argent aux producteurs comme l’exigeait le Feicom, le maire a plutôt fait construire unilatéralement un magasin à son goût.
«Le site de construction n’a pas été respecté par le maire qui est allé faire un petit truc au marché de la bretelle. Ce n’est pas un magasin de 18 millions fcfa », s’emporte Yiity Palisson. «Personne n’utilise son magasin qui est resté fermer».
Ce sont des producteurs en colère qui vont saisir le Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation (Minatd) pour dénoncer l’attitude de Thomas Dupont Obiegni.
Dans une correspondance datant du 29 juillet 2015, le Minatd, Réné Emmanuel Sadi, demande au maire de Ndikinimeki de « mettre à la disposition » du GIC Fuprocino les 18 millions de f cfa décaissés dans le cadre de la dotation générale d’investissement en 2014 et de veiller plutôt au respect des procédures budgétaires et comptables conformément à la réglementation.
A la subvention de l’Etat, les membres du GIC Fuprocino de Ndikinimeki comptaient ajouter le fruit de leurs cotisations afin de construire un magasin d’une valeur de 25 millions de f cfa ayant une porte coulissante.
«Un camion pouvait entrer dans le magasin que nous comptions construire. Ce n’est pas le petit machin qu’il est allé faire. Ma maison-ci est même grande», lance le président du comité de surveillance.
Contacté, le maire de la commune de Ndikinimeki demande plutôt au Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation de donner l’argent aux planteurs.
«Si le ministre a de l’argent à leur donner qu’il l’envoi dans leur compte. Il n’a pas besoin de passer par moi. Pour donner l’argent à quelqu’un on ne passe par quelqu’un d’autre», a dit au téléphone Thomas Dupont Obiegni.
Info-Cameroun a voulu savoir la provenance des fonds utilisés par le maire pour construire unilatéralement un magasin au marché, Thomas Dupont Obiegni a répondu : «vous n’avez pas à me juger».