Le ministre Ngolè Philip Ngwese est aux abois

Ngolè Philip Ngwese Photo d'archive utilisée juste a titre d'illustration

Sat, 3 Oct 2015 Source: camer.be

Le ministre des Forêts et de la Faune (Minfof) refuse de reconnaître l’extrême insuffisance des contrôles gouvernementaux en matière d’exportation du bois camerounais, telle que pointée par l’Ong Greenpeace. Et pourtant, le pillage de l’or vert est visible comme le soleil à midi.

Ngolè Philip Ngwese est aux abois. Le Minfof a décidé de s’attaquer aux résultats des investigations de l’Organisation non gouvernementale (Ong) Greenpeace au sujet de l’exportation du bois camerounais en Europe par la Compagnie de commerce et de transport (Cct).

Dans une vaseuse mise au point, Ngolè Philip Ngwese tente de s’accrocher et parle d’« allégations, qui sont un assemblage de stéréotypes émis au seul dessein de nuire, sont en porte à faux avec la photographie réelle actuelle du secteur forestier au Cameroun». Le Minfof va même jusqu’à soutenir que plusieurs avancées ont été faites pour améliorer la gouvernance dans le secteur du bois au Cameroun.

Du bluff pour qui connaît la situation dramatique et révoltante dans laquelle se trouve ce secteur dans un pays qui produit officiellement environ 2 millions de m3 de bois annuellement et qui s’est engagé à améliorer la gouvernance et la transparence dans le secteur forestier, ainsi qu’à lutter contre l’exploitation forestière illégale dans le cadre de l’Accord de partenariat volontaire (Apv) conclu avec l’Union européenne.

En effet, il n’est plus un secret pour personne que l’exploitation forestière illégale et la corruption se sont amplifiées sous Ngolè Philip Ngwese, alors que les systèmes de contrôle, eux, présentent de nombreuses faiblesses, comme l’ont récemment démontré un rapport du Chatham House de 2015 et un rapport de l’auditeur indépendant du système Flegt (système de vérification de la légalité) au Cameroun de 2014.

Il suffit de relire le rapport des experts de l’Ong Chatham House, publié en janvier 2015 pour juger l’ampleur du mal. Il y ressort en effet, qu’au Cameroun, la production réelle du bois pourrait s’élever au double des estimations officielles. Selon cette étude, la gestion qui a cours dans cette filière a fait le lit de l’exploitation illégale des essences du pays.

«La coordination au sein du gouvernement est généralement très inefficace : aucun processus formel n'est en place pour la coordination de haut niveau de l'action contre l'exploitation illégale des forêts. Les systèmes de traçabilité du bois au Cameroun sont inappropriés, tant au niveau des opérations sur le terrain que de la gestion de l'information», peut-on lire dans un extrait de ce document.

Au plus bas dans les sondages. En ce qui concerne la commercialisation du bois, le rapport de l’Ong Chatham souligne une augmentation du volume des exportations camerounaises, qui est allée de pair avec le recul de la proportion des expéditions vers l’Europe. La Chine, elle, a par contre émergé comme partenaire de choix de la filière, avec des importations qui sont passées de 50 000 m3 en 2001 à 397 000 m3 en 2012.

Dans ce cas, l’opinion nationale ne peut s’empêcher de penser que Ngolè Philip Ngwese a raté l’occasion de se taire en s’attaquant à Greenpeace. Et il ne serait donc pas surprenant que le rapport de cette Ong soit plutôt tendre envers Ngolè Philip Ngwese, lorsqu’elle affirme que plusieurs entreprises camerounaises sont en possession de bois à très haut risque d’illégalité, vendu par l’entreprise Cct.

Toujours est-il qu’on retient que Cct commercialise d’importants volumes de bois provenant de 10 sociétés forestières impliquées dans l’exploitation illégale au Cameroun : Kieffer et cie, Ets la Socamba, Oye Campagnie, Feecam, Sofocam, Sibois, Ttc, Amadou Adama, LFIS, Forêt communale Messamena/Mindourou.

En Belgique, précise l’Ong, au moins cinq entreprises belges ont été impliquées en 2015 dans le commerce de bois scié camerounais provenant de l’entreprise Cct : Callens, Decolvenaere N.V., Firma Cras N.V., Group Thys et Vandecasteele Houtimport. Dès lors, estime Greenpeace, le risque d’illégalité pesant sur ce bois africain est très élevé.

A la fin, l’on pourrait tout reprocher à Greenpeace, sauf d’avoir joué son rôle en tant que Ong de protection de l’environnement : celui de tirer la sonnette d’alarme. Aux autres services de jouer le leur en saisissant pourquoi pas le bois Cct ; déterminer si les entreprises importatrices ont correctement évalué et atténué les risques d’illégalité avant de mettre ce bois sur le marché, et appliquer, le cas échéant, les sanctions que prescrit la loi belge.

Pour le reste, on comprend que laminé par cet audit, M. Ngolè Philip Ngwese est au plus bas dans les sondages. Et alors qu'il pouvait tenter de se refaire une santé, voilà qu’une autre affaire rend à nouveau inaudible son message sur les prétendus efforts du gouvernement en matière d’exportation du bois.

Source: camer.be