'Le musulman n’a pas besoin des armes pour revendiquer'

Al Shabaab Boko Haram L'Imam principal de la Mosquée centrale n°2 de Bafoussam parle du Hadj

Thu, 23 Aug 2018 Source: camer.be

Placée sous le signe de la paix et du vivre-ensemble, la fête de la Tabaski 2018 s’est voulue par les dignitaires musulmans de la Mifi un moment d’enseignement et de sensibilisation des fidèles. En se confiant à notre rédaction, Ahmat Djouneid, Imam principal de la Mosquée centrale n°2 de Bafoussam et président du CIDIMUC/Mifi, parle du Hadj et surtout de la symbolique du sacrifice

Les fidèles musulmans commémorent la fête de la Tabaski qui est le couronnement du Hadj, le pèlerinage à la Mecque. Dites-nous, c’est quoi le Hadj Imam ?

Le Hadj est le 5e pilier de l’islam. L’islam est bâtit sur cinq piliers, le témoignage de foi, les 5 prières quotidiennes, le jeun du mois de Ramadan, l’aumône légal et le pèlerinage à la Mecque pour ceux qui en ont les moyens. Des moyens financiers, psychologiques et être en santé. Le Hadj fait partie des plus grands piliers. D’après le prophète Mohammed, celui qui l’accompli correctement et avec les biens licites verra tous ses péchés pardonnés. C’est pourquoi nous demandons les prières aux pèlerins quand ils reviennent du Hadj parce qu’ils sont en état de pureté.

Y a-t-il des actes qui entrainent la nullité du Hadj ? Si oui lesquels ?

Oui, il ya les actes qui entrainent la nullité du Hadj. Vous savez, étymologiquement l’Islam veut dire paix. Il faut de prime abord s’éloigner de tout ce qui a trait à la déviance ou de ce qui peut porter atteinte à la paix sociale. Déjà, en état de sacralisation, le pèlerin doit éviter d’échanger des paroles chaudes. Le Hadj symbolise la paix, avec soi, avec les autres et avec Dieu. On doit éviter de poser des actes qui portent atteinte à l’intégrité d’un frère musulman ou non musulman. Aussi, c’est interdit au Hadj de tuer les animaux. Celui qui est en état de sacralisation ne doit pas aller à la chasse. Le sacrifice que les pèlerins font à la Mecque c’est lorsqu’ils se sont déjà libérés de cet état de sacralisation. Les seules bêtes que l’on peut tuer sont celles qui peuvent nous créer des ennuies comme le serpent, le scorpion et la souris.

Que fait-on concrètement à la Mecque ? S’il s’agit d’une prière ordinaire, pourquoi à la Mecque et non ailleurs par exemple ?

Le Hadj a trois formes. Le premier consiste à rassembler le grand et le petit pèlerinage, le 2e consiste à accomplir seulement le Hadj sans associer la Houmra, et nous avons celui qui est très apprécié par nos pèlerins ici, celui de s’acquitter d’abord de la Houmra et ensuite s’acquitter du Hadj. Il ya les étapes à suivre à la Mecque. La première étape c’est l’intension du Hadj. Cette intension se formule au lieu de sacralisation. Déjà à l’arrivée, le premier acte à poser c’est la circumambulation autour de la maison sacrée qu’est la KABA. Ensuite vous allez prier derrière la stèle d’Abraham, avant d’aller aux monts SAFFA et MARWA… Etant donné que tous ces lieux symboliques se trouvent à la Mecque, vous comprenez pourquoi c’est là que tout se passe et non ailleurs.

Vous avez évoqué tantôt le mot sacrifice. Qui est appelé à sacrifier et quelle est la nature de la bête à sacrifier pour la fête de la Tabaski ?

Tout musulman qui se sent capable de sacrifier, qui en a les moyens pour acheter une bête et avoir le reste à côté. Par exemple si la bête coûte 60 000Fcfa et que vous n’avez que 60 000Fcfa, alors vous n’êtes pas appelé à sacrifier. Si à côté des 60 000Fcfa vous avez encore 100 000Fcfa, alors vous devez sacrifier la bête. En Islam Dieu n’impose pas aux fideles ce qu’ils n’ont pas les moyens de faire. Si après le sacrifice vous n’arrivez pas à inscrire vos enfants à l’école, alors sachez que vous n’avez pas obéi à Dieu. La bête à sacrifier doit être de préférence un mal, de couleur blanche, saine…

Qu’elle est l’attitude à adopter par les fidèles le jour de fête ?

Le jour de la fête, surtout l’Aid El kabir qui est la plus grande fête de l’Islam, le musulman doit glorifier son créateur, il doit le louer. C’est alors qu’il ya une formule que le musulman doit répéter le jour de la fête qui exprime la grandeur d’Allah. C’est l’occasion pour le musulman de porter ses plus beaux vêtements, faire largesse à sa famille ainsi qu’au voisinage. Le sens du partage doit se faire sentir ce jour là. Surtout partager avec nos frères qui ne sont pas des musulmans. Seulement, il faut offrir à son voisinage ce qui est licite. C’est l’occasion de lancer cet appel aux musulmans qui, pendant les fêtes offrent l’alcool à leurs amis. Alors c’est interdit. Nous avons placé la fête de la Tabaski de cette année sur le signe du vivre-ensemble, de la paix, de l’entente. Nous sommes en année électorale avec trop d’inquiétudes au regard des manifestations, ça bouillonne partout. Alors essentiellement depuis le début de ce mois du Hadj, la mosquée centrale n°2 de Bafoussam s’est beaucoup concentrée sur les prières et le sermon de la célébration est d’ailleurs accentué sur la paix, l’amour de la patrie, le vivre-ensemble. Est-ce qu’on ne peut pas revendiquer par le dialogue ? Est-ce toujours les armes qu’on doit utiliser pour revendiquer ? L’homme musulman n’a pas besoin des armes pour revendiquer. Nous invitons chaque musulman à prier chaque jour pour le pays, pour que les élections que nous attendons se déroulent dans la paix et que le Cameroun retrouve sa stabilité.

Pour sortir de cet entretien Imam, à quoi renvoi le sacrifice ? Autrement dit, quelle est la symbolique même du sacrifice effectué par les musulmans à cet effet ?

L’Islam est le socle de toutes les religions et Mohammed est le socle de la prophétie. Ici, l’Islam commémore l’acte de foi posé par le père du monothéisme pur qui est Ibrahim ou Abraham. Abraham avait atteint l’âge de 90 ans sans avoir enfanté. Il a manifesté à l’endroit d’Allah son créateur cette envie d’avoir un enfant en lui promettant de rester fidèle envers lui. C’est alors que Dieu lui a mis à l’épreuve. Quant il a eu son premier fils Ismaël, il décida de donner son fils en sacrifice à Allah son créateur. Au moment où il était en train de donner son fils en offrande, Dieu a affranchi ce fils qu’il a remplacé par un bélier venant du paradis. Toutes les religions parlent de cela. Le musulman manifeste et vit l’acte qu’Abraham a posé. C’est cela que c’est une très grande fête.

Source: camer.be