L’homme politique du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem) revient sur les circonstances du décès de son neveu survenu au petit matin du mardi 13 Octobre 2015 à Douala.
Que s’est-il réellement passé ?
Je tiens d’abord à dire que nous sommes affligés par le décès de mon neveu, Ekane Armand d’autant plus que cette mort qui survient entre 3h et 4h mardi 13 octobre 2015 dernier, est assez brutale. On m’a réveillé brutalement au petit matin du 13 octobre 2015 vers 6h pour me dire que mon neveu est décédé. Je suis arrivé à l’Hôpital Laquintinie ce même jour où j’ai trouvé la maman d’Armand et ses frères autour du corps.
Ils m’ont informé de ce que des gens ont tiré sur le jeune et que ce sont des inconnus qui ont amené le blessé à l’esplanade de ladite formation sanitaire. Sans aucune intervention médicale, mon neveu alors abandonné au sol, a rendu l’âme. D’après ce qui a été rapporté à la famille d’Armand, des gens ont certifié qu’en amenant mon neveu à l’hôpital, il était bel et bien vivant, mais n’a pas été soigné. Il a reçu trois balles entre la cuisse et le mollet.
Où en êtes-vous avec l’affaire ?
Une plainte sera officiellement déposée en début de cette semaine. On a déjà eu des informations sur le fait que ce sont deux policiers qui ont vraisemblablement tiré sur mon neveu. Les informations en notre possession désignent comme auteurs de cet assassinat un policier en retraite ayant officié au Commissariat du 11ème arrondissement et un policier en service à la PJ (Ndlr : Police judiciaire). Ce sont ces deux messieurs qui doivent nous dire ce qui s’est passé. Des témoins oculaires ont certifié qu’il s’agit d’eux. Ils doivent nous donner les mobiles ou raisons de cet acte.
Pourquoi soutenez-vous mordicus que votre neveu a été assassiné par des hommes en tenue en service à Douala ?
J’ai rencontré certains responsables de la PJ qui donnaient l’impression de ne pas être au courant de l’affaire. Et chaque fois que je posais les questions, les différents services de police et de gendarmerie se renvoyaient la balle. Mais en recoupant les informations par les témoins, leurs descriptions, et leurs dires au sujet de la réputation par exemple d’un des policiers, connu de triste mémoire au Quartier Scdp-Carrefour Agip (lieu où mon neveu a reçu les balles), tout laisse à penser que nous sommes sur la bonne piste.
Vous parlez de l’impunité des forces de maintien de l’ordre…
Ce sera à la justice de rendre justice dans cette affaire. Il y a des dizaines de jeunes qui sont abattus comme ça par les éléments de police sans que cela n’aboutisse à quelques procès que ce soit. Malheureusement pour ces derniers, ils s’en sont pris à mon neveu. La famille et moi ne sommes pas disposés à laisser tomber l’affaire. J’en profite également pour attirer l’attention des responsables des hôpitaux publics qui laissent mourir les gens sous prétexte qu’il n’y a pas d’argent.
Comment peut-on abandonner une personne blessée, qui se vide de son sang, exposée sous le soleil, à même le sol, sans aucune aide ? Ce n’est pas sérieux. On laisse des inconnus amener des gens et les jeter sans aucune identification.
Ça me rappelle l’affaire des 9 disparus de Bépanda où des jeunes ont été enlevés sans raison et disparus jusqu’aujourd’hui. Les hommes en tenue vont sans doute justifier cet autre acte, car c’est ce qui va arriver, en déclarant comme ils en ont l’habitude, que mon neveu avait des mauvaises fréquentations et tout le bla-bla-bla. Malheureusement, Armand n’était ni armé et on ne l’a jamais pris en flagrant délit de quoi que ce soit. On a plutôt tiré trois balles sur quelqu’un qui ne menace pas les forces de l’ordre.
Avez-vous une mainlevée sur le corps?
Lorsque j’ai fait le tour des commissariats, la Pj a fait une réquisition d’autopsie. Actuellement, nous ne pouvons pas programmer ni organiser les obsèques sans que l’autopsie ne soit faite et justice ne soit rendue. Nous n’avons pas de mainlevée sur le corps. Le cadavre exposé au soleil a été mis par nos soins à la Morgue de l’hôpital Laquintinie.