Le pacte d'Ahmadou Ahidjo à la base de la crise anglophone

Ahmadou Ahidjo Ahmadou Ahidjo

Tue, 15 Aug 2017 Source: fr.allafrica.com

Pourquoi un débat n'a toujours pas été organisé entre ces « brillants universitaires » et leur contradicteur d'aujourd'hui ?

Qui se souvient aujourd'hui de la victoire de l'anthropologue Benjamin Nnamdi Azikiwe à l'élection de 1951 dans le Eastern Nigeria ? Il dirigeait alors la liste du parti dénommé National Council of Nigeria and Cameroon ou Conseil National du Nigéria et du Cameroun fondé en 1944 soit 4 ans avant la naissance du premier parti politique camerounais dénommé UPC. Les travaux de Joseph Richard et ceux de Joseph Achille Mbembe plus connu à présent simplement comme Achille

Mbembe nous permettent de faire le tour de l'Union des Populations du Cameroun et du combat qui fut le sien dès 1948. L'histoire du Cameroun anglophone nous est enseignée par Piet Konings, Francis Nyamnjoh.

La victoire de Benjamin Nnamdi Azikiwe et les nominations qui suivirent autour d'une coalition avec les « intellectuels Ibos et Métis », provoquèrent le mécontentement de l'élite du Cameroon Occidental en majorité constituée de moniteurs indigènes comme on disait à l'époque. Parmi ces moniteurs, John Ngu Fontcha, Salomon Tandem Muna, Ngom Jua et Endeley.

C'est eux qui ont créé le CNC. C'est eux qui ont créé des rivalités entre ceux qu'ils appellent alors les « Fulani » c'est-à-dire les camerounais d'expression anglaise et de confession musulmane qui habitent le Northem Cameroons, et les populations du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, c'est-à-dire entre Sawa et Grassfields de langue anglaise de confession chrétienne. Il est important de savoir que les populations actuelles du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont constituées essentiellement de Sawa (Douala) de Bawéri, les banso.

Il y a aussi dès 1895, une immigration de main d'œuvre sous la domination allemande, ainsi les bassa du Littoral, les Eton de la Lékié, les Ndjem de l'Est constituent aujourd'hui un socle important de la population (Tiko, Limbé, Buéa, Kumba et Manfé). Ainsi donc à titre d'information Peter Esoka est bien Bassa tout comme Temfac Ofege est Dschang avant de se reconnaître comme anglophone.

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Voilà la vérité historique qui a fait perdre au Cameroun une partie de son territoire parce que Ahmadou Ahidjo pensait que le Northem Cameroons allait le suivre simplement parce qu'il est musulman !

Le problème du Cameroun c'est son élite politique

Nous ne pouvons pas construire le Cameroun sous la contrainte du temps ou sous la contrainte d'un calendrier électoral. Le temps est une condition essentielle. Au sein du MCPSD, nous écoutons, nous observons avant même de consulter. Le Cameroun ne se construira point sous les effets de mode ou sur les émotions du moment. C'est l'échec assuré. Souvenons-nous de du mouvement ALU lancé par Ngom Jua et Foncha contre Endeley, souvenons-nous de l'action d'Endeley contre les Côtiers en 1966 et qui va aboutir au mariage entre le KNDP et l'UC au détriment du peuple camerounais ! C'est aussi cela l'histoire des 87 familles qui ont confisqué les pouvoir économique, politique du Cameroun depuis le renversement d'André Marie Mbida par Ahmadou Ahidjo en 1958 avec le soutien de Charles Okala qui deviendra le tout premier ministre des affaires étrangères du Cameroun indépendant.

Nous ne pouvons pas effacer tout ceci du revers de la main tout comme nous ne pouvons pas dire qu'il faut renverser la table ! Cette table est la table camerounaise. Nous devons nous y mettre tous, nous devons nous reprendre aujourd'hui, sans saucissonner l'histoire comme le fait le ministre David Abouem A Tchoyi avec des oublis freudiens, sans se droitiser à l'extrême comme le fait Owona-Nguini y compris en perdant lui aussi la mémoire. Nous devons comprendre qu'il y a une frange de notre population (17% voire plus) qui est habitée par un sentiment d'humiliation et d'injustice. Nous ne devons pas en rester là.

Notre mission et c'est là que j'invite ceux qui se targuent d'avoir les pouvoirs, les journalistes, ils ne peuvent pas se contenter d'être des commentateurs de l'actualité politique au prix de la couleur du billet qui leur est donné par tel ou tel homme politique. Ils doivent user de leur esprit critique pour former et informer, ils doivent sans cesse inviter à dépasser les émotions qui trop souvent animent les hommes politiques.

Le rôle des médias est noble quand et seulement s'il est dépassement de la fascination, de la sympathie de la séduction vis-à-vis d'un homme politique. Il faut se fixer sur le projet qui est proposé et pour moi, ce projet doit répondre à deux objectifs fondamentaux : reconstruire le « nous-commun » ou le « vivre-ensemble » profondément mis en mal depuis 1960 par les 87 familles régnantes, préparer l'avenir des nouvelles générations au cœur de ce Cameroun de 256 ethnies.

Il est important de ne point s'autoproclamer prince ou Seigneur dans notre pays comme cela se passe en ce moment par ce groupe d'universitaires, ayatollahs de la pensée unique et cynique. Si l'on est du Cameroun et nous le sommes tous, si nous sommes du pays et nous le sommes encore plus, si l'on y est né, comme dirait Franz Fanon « natif-natal », eh bien, ce pays nous l'avons dans les yeux, la peau, les mains, avec la chevelure de ses arbres, la chair de sa terre, les os de ses pierres, le sang de ses rivières, son ciel, sa saveur, ses hommes et ses femmes.

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C'est réellement une présence dans le cœur, ineffable, comme une fille qu'on aime (j'en sais un rayon) : on connait la source de son regard, le fruit de sa bouche, les collines de ses seins, ses mains qui se défendent et se rendent, ses genoux sans mystère, sa force et sa faiblesse, sa voix et son silence. Oui il n'est point une partie de lui que nous ne puissions nommer, caresser et ou apprivoiser. On ne construit un couple dans la duperie permanente voilà pourquoi la demande du fédéralisme n'est pas un pas vers la sécession, les deux ne se croise point tout comme il est faut aujourd'hui de vouloir nous faire croire que la colonisation britannique fut un événement culturel et créatrice d'une civilisation dans un no man's land qui croise aujourd'hui la barbarie francophone !

Dernière sortie de Joseph Achille Mbembe bien que riche en enseignement pose problème. Beaucoup de leaders noirs sous la colonisation britannique n'ont pas fini leurs jours dans les geôles, non beaucoup ont eu la tête tranchée, la langue arrachée et les yeux crevés ce ne fut point l'apanage de la servitude française. Aucune colonisation ne fut porteuse d'un idéal sinon celui du colon.

Nous ne saurions dresser une échelle de cruauté entre et dans les souffrances humaines. Aujourd'hui plus que hier, il est venu le moment de construire un nouveau modèle du vivre ensemble. Un vivre ensemble qui forge le « nous-commun » non pas sur une base identitaire corrompue comme le sont aujourd'hui les revendications dites anglophones car au demeurant la société à bâtir est multiculturelle à base de bilinguisme d'Etat et institutionnel.

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