Guillermo Otta Parum pêche en Amazonie bolivienne depuis plus de 50 ans.
Au début, Guillermo capturait des poissons indigènes, comme les différentes espèces de poissons-chats qui peuplent la rivière.
C'est alors qu'est arrivé un poisson d'eau douce géant, connu localement sous le nom de paiche ou Arapaima gigas, pour lui donner son nom scientifique.
"Je pensais que cette créature était un serpent d'eau, qu'elle attaquait tout, qu'il était mauvais de la manger, qu'elle pouvait être toxique", se souvient-il.
En réalité, il s'agit de l'un des plus gros poissons d'eau douce au monde, qui peut atteindre 4 m de long et peser 200 kg ou plus.
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Personne ne connaît vraiment l'année exacte de l'apparition du paiche en Bolivie.
On pense généralement que son arrivée est le résultat d'une brèche dans une pisciculture de paiche au Pérou, d'où le poisson est originaire. De là, il s'est répandu dans les rivières de Bolivie.
"D'ici une ou deux décennies, le paiche va se répandre dans toutes les zones potentielles où cette espèce peut vivre", prévient-il.
"Nous savons que dans le monde entier, la plupart des cas d'invasions sont néfastes pour la nature. Les espèces envahissantes sont considérées comme la deuxième cause de perte de biodiversité après la destruction de l'habitat".
Cependant, pour les pêcheurs locaux, l'arrivée du paiche a été une aubaine. D'abord effrayés, les pêcheurs n'ont pas tardé à prendre conscience de son potentiel, explique Guillermo Otta Parum.
La difficulté pour les pêcheurs est de trouver le paiche dans l'immense étendue de l'Amazonie.
Ce poisson possède un organe semblable à un poumon et doit régulièrement remonter à la surface pour respirer, c'est pourquoi il aime les eaux plus calmes. Il préfère vivre dans les lacs et les lagunes, mais migre lorsqu'il se sent en danger.
La plupart des poissons traités par Edson Silvano arrivaient autrefois par bateau.
Aujourd'hui, les pêcheurs se rendent dans des zones de plus en plus reculées pour capturer le paiche et doivent passer du bateau au canoë, pour des trajets pouvant durer jusqu'à deux semaines. Cette situation les met en conflit avec les communautés indigènes.
Ces dernières ont obtenu des titres fonciers sur de nombreuses lagunes éloignées où l'on trouve désormais des paiches et ont commencé à pêcher et à vendre le poisson.
Les pêcheurs commerciaux doivent désormais obtenir des licences spéciales pour travailler dans ces zones. Mais des pêcheurs comme Guillermo Otta Parum disent que même lorsqu'ils ont les bons papiers, ils sont souvent refoulés.
Les communautés indigènes affirment qu'elles essaient seulement de protéger les ressources que le gouvernement bolivien a reconnu qu'elles avaient le droit de contrôler.
Juan Carlos Ortiz Chávez appartient à la communauté indigène Alto Ivon Tco Chacobo.
Il explique que par le passé, les autochtones avaient peur des pêcheurs commerciaux. "Mais cette nouvelle génération de jeunes a changé, parce que nous avons établi nos règles de sorte que les gens ne peuvent plus venir nous prendre ce qui nous appartient", explique-t-il.
Des scientifiques tels que Federico Moreno espèrent que la pêche en général, quelle que soit la personne qui la pratique, maintiendra le nombre de paiches sous contrôle.
"En continuant à les chasser et à les pêcher en permanence, on pourrait maintenir l'équilibre entre les différentes espèces."