La région du Sud-Cameroun, fief historique du président Paul Biya, montre des signes de fissures dans son soutien traditionnel au régime. Alors que cette zone avait accordé un plébiscite retentissant de 92,91% au président lors de l'élection de 2018, la situation semble avoir évolué ces dernières années.
Le mécontentement populaire s'est manifesté de manière inédite en septembre 2021, lorsque les populations ont bloqué l'axe Ebolowa-Kribi pour protester contre les promesses non tenues par le gouvernement. Un acte symbolique fort dans une région réputée pour son soutien indéfectible au pouvoir en place.
Les causes de cette grogne sont multiples : l'enclavement persistant de la région, la faiblesse de l'offre énergétique malgré la construction des barrages de Memve'ele et de Mekin, et l'état d'abandon de plusieurs projets d'infrastructure. Le chantier routier Ebolowa-Kribi via Akom II, toujours au point mort, illustre parfaitement cette situation.
Face à cette contestation grandissante, les élites locales tentent de reprendre la main. Jacques Fame Ndongo, ministre de l'Enseignement supérieur et communicant en chef du RDPC, a initié des "rencontres fraternelles du Sud" pour remobiliser la base. Certains élus, comme le député Mathurin Bindoua, osent même questionner publiquement le bilan des nombreux ministres issus de la région.