L’ambiance est pour le moins électrique à Electricity Development Corporation (EDC), l’entreprise publique de patrimoine du secteur de l’électricité au Cameroun. En effet, apprend-on dans les colonnes du journal Essingan du 22 Mars 2018, le 12 mars dernier, le Syndicat des travailleurs du secteur de développement des ouvrages de production, de transport et de régulation de l’électricité (Syntdoptre) a adressé «préavis de grève sous huitaine», à Théodore Nsangou, le directeur général de l’entreprise publique.
Le président du Syntdoptre, Jean Yves Ngoun Misse, écrit à cet effet: «Nous avons livré en juin 2017 le chantier de construction du barrage hydroélectrique de Lom Pangar avec une lettre de félicitations adressée à l’ensemble du personnel. Par contre, rien de profitable n’a été fait jusqu’ici à l’endroit du personnel qui a consenti d’énormes sacrifices depuis plus de 6 ans ; au contraire des cas de violation des droits des travailleurs se multiplient et les portes du dialogue social sont cadenassées par monsieur le directeur général».
De façon pratique explique le Syndicat, les employés à EDC dénoncent le fait que la commission d’avancements qui devrait siéger chaque septembre de l’année, n’a eu lieu que deux fois sur neuf ans. Aussi, les échelons automatiques du personnel de quatre années d’ancienneté sont gelés depuis la création d’Electricity Development Corporation.
Ajouté à cela, il y a les retenues sur salaires qui ne sont pas reversées à la Caisse nationale de prévoyance sociale (plus de 800 millions de Fcfa de dettes) avec son corollaire de conséquences sur la vie des travailleurs qui sont privés de pension retraite depuis neuf ans, sans allocations familiales, pas de prise en charges pour accidentés de travail, encore moins la prise en charge des femmes enceintes. La longue liste des griefs révèlent que les évaluations du personnel qui devaient intervenir chaque année restent virtuelles.
Idem pour le non-paiement de la prime de fin de chantier du barrage réservoir de Lom Pangar au personnel Edc au moment où tous les autres acteurs dudit chantier en ont déjà reçu (Cwe, Cob, Isl…). Pis encore, les syndicalistes font remarquer que le calcul des soldes de tout compte aux ayants droits des personnels Edc décédés depuis plus de cinq ans n’est pas effectif.
Parmi les autres manquements relevés par les employés, l’on relève l’absence d’un planning de formation ou de renforcement des capacités du personnel avant, pendant et après le chantier du barrage réservoir, les multiples fraudes et tripatouillages dans le traitement au niveau de la solde de EDC des retenues syndicales des camarades membres syndiqués au sein de EDC.
Mais également, le personnel attend vainement l’actualisation et la finalisation du dossier de remise des médailles de travail, surtout après la réception en juin 2017 du barrage réservoir de Lom Pangar et les félicitations du top management aux personnels qui en ont suivi. Le Syndicat va même plus loin: «le paiement des arriérés de salaire des 24 cadres recrutés en mai 2010 par le conseil d’administration; le traitement discriminatoire des avantages accordés à certains personnels».
Et plus loin, «le calcul et le paiement des manques à gagner au personnel, le commissaire aux comptes dans son rapport 2015-2016 en a estimé à 450 millions de Fcfa ; le calcul de la provision et le paiement de l’indemnité de fin carrière aux personnels en fin de séjour en entreprise et les soldes de tous comptes des personnels licenciés ou démissionnaires depuis plusieurs années».
Et le Syntdoptre de s’indigner: «ces situations citées plus haut, démontrent à suffisance que le dialogue social à Edc a du plomb dans l’aile et que l’entreprise chère au chef de l’Etat, son excellence, monsieur Paul Biya est au bord du gouffre. L’objectif du travail (emploi) décent que le gouvernement a négocié avec le Bureau du travail (Bit) il y a quelques années est à relégué au second plan et les priorités du management de Edc étant donc quoi?», s’interrogent les syndicalistes qui depuis le 15 mars, sont en négociations avec la direction générale.