Présent à l’audience, Ahmed Abba a de nouveau plaidé non coupable lors du premier débat contradictoire sur le fond qui s’est déroulé mercredi 3 août devant le tribunal militaire de Yaoundé, rapporte l’AFP. Poursuivi pour «complicité de terroriste», le correspondant de RFI en langue haoussa à Maroua, Chef-lieu de l’Extrême-Nord du Cameroun, risque la peine capitale.
La justice lui reproche de ne pas avoir partagé avec les autorités des informations qu’il a collectées sur certains membres du groupe jihadiste Boko Haram. «Le commissaire du Gouvernement a révélé que le journaliste avait été placé sous écoute téléphonique sans en préciser la période, à la demande du Ministère public. Il a ensuite lu un procès-verbal de transcription des conversations téléphoniques entre le journaliste et des islamistes présumés. Ceux-ci revendiquaient certaines actions commises dans l’Extrême-Nord du Cameroun, dont la pose d’explosifs et de mines ciblant des soldats camerounais, et l’enlèvement de Français», rapporte l’AFP.
De même source, ces conversations portaient aussi sur des projets d’attaques dans cette Région où les membres de Boko Haram commettent régulièrement des attaques, dont des attentats terroristes. Le procès a été renvoyé au 7 septembre 2016.
Selon l’avocat du correspondant, Me Charles Tchougang, Ahmed Abba informait régulièrement les autorités administratives et militaires lorsqu’il était en possession d’informations importantes sur les actions menées ou projetées par Boko Haram. D’après lui, le procès en cours vise avant tout RFI, dont le régime de Yaoundé n’apprécie pas le traitement de certaines informations concernant le Cameroun.
Samedi, la présidente de RFI Marie-Christine Saragosse avait «supplié» Yaoundé de «mettre un terme au calvaire» de son correspondant Ahmed Abba. Selon elle, Ahmed Abba «a d’abord été détenu au secret, puis il a subi des tortures». Un an jour pour jour après son arrestation, le 30 juillet 2015, Reporters Sans Frontières avait de nouveau réclamé sa «libération immédiate». Le journaliste avait comparu pour la première fois devant le tribunal de Yaoundé le 29 février, sept mois après son interpellation.