Quand la vérité éclate, surtout lorsqu’elle est dite d’une certaine façon bien crue et directe, cela fait plaisir à tout le monde. Le pouvoir d’Etoudi a fait du chemin depuis l’accession au pouvoir de Paul Biya en novembre 1982. Le président du RDPC a fait de certains barons du régime des hommes riches que le besoin ne peut plus visiter jusqu’à leur mort, à moins que le destin n’en décide autrement.
Chemin faisant, certaines habitudes ont été forgées par les décideurs les plus hautement placés, celles-ci peinent à se défaire aujourd’hui, malgré la détermination de la jeune génération à y parvenir. Comme le dirait quelqu’un, les vieilles habitudes ont la peau dure.
Le tribalisme est l’une des pires choses qui soient arrivées au pays que dirige Paul Biya depuis plus de quarante (40) ans maintenant et qu’il est toujours prêt à conduire jusqu’à, au moins, la prochaine élection présidentielle prévue pour l’an 2025.
Ce n’est qu’à ce moment que le vieux lion dira de façon officielle « s’il reste ou s’il décide de rentrer au village ». Le mal, lui, est déjà fait, s’agissant des comportements tribaux (entre autres fléaux actuels) qui gangrènent la société, influençant les agissements des citoyens, de génération en génération.
L’activiste Claude Wilfried Ekanga a pris son courage à deux (02) mains pour balancer la vérité aux visages des fautifs qu’il cite nommément, comme il en a souvent l’habitude. Ses compatriotes de tous les horizons semblent aimer l’intervention, vu les commentaires qui en découlent sur la toile. La rédaction vous laisse découvrir ci-dessous ce que le collaborateur de Maurice Kamto pense à cet effet. Lecture !
Faut-il un concours pour être Bassa ? La trahison du vert rouge jaune. Quand un enfant vient au monde, il n'est ni tribaliste, ni raciste, ni xénophobe, ni rien du tout. Ces comportements broussailleux sont des attitudes acquises et intentionnelles, fabriquées par l'environnement et l'entourage immédiat dans lequel grandit ledit enfant. C'est-à-dire que ce sont les parents, les amis, la communauté, ou (assez souvent d'ailleurs) l'institution politique en place, qui enseigne aux jeunes générations que X est Bamiléké, qu'il ne faut pas marcher avec Y, ou qu'on ne doit pas épouser les filles Z. En un mot, le tribalisme est un monstre fabriqué par des monstres pour masquer leur propre monstruosité.
Morceaux choisis : Quand un triste individu comme Jacques Fame Ndongo, ministre d'État de son état, prend la parole en public pour dire, tout sourire, que « le Sud est le socle granitique de Paul Biya », il fait ainsi comprendre aux natifs de Sangmélima, de Mvomeka et d'Ebolowa que, même si nous sommes tous Camerounais (et donc en théorie partout chez nous), même si nous avons un programme politique solide (que la Constitution nous autorise à aller présenter sur toute l'étendue du territoire), même si a priori le Cameroun est « un et indivisible », ces « autochtones » ont le droit de nous chasser de « chez eux » au nom de la tribu. Et puisque le feu vert vient d'un haut-fonctionnaire de la République, ils peuvent donc laisser libre cours à leur tribalisme sans se soucier de représailles.
En résumé, « nous ne risquons rien », car « nous avons le pouvoir ». D'où le fameux « Rentrez chez vous ! » et le « Allez faire ça là-bas à l'Ouest », assidûment encadrés par des éléments des forces de l'ordre, transformées pour la circonstance en milice tribale antirépublicaine (est-ce que Rifoé a compris ?).
Pour sa part, Martin Hongla est victime de la transmission familiale du tribalisme. Un virus très répandu au Cameroun où, sans vraiment vous convaincre, vos parents vous obligent à accepter le point de vue idiot et barbare qu'ils ont eux-mêmes reçu de leurs parents, à savoir : « les filles de telle tribu sont… » et « il ne faut pas se mélanger avec les... ». Cela donne des situations cocasses où les enfants n'ont personnellement rien contre les entités incriminées, et s'entendent même à la perfection avec les tribus visées (dans lesquelles ils trouvent d'ailleurs très souvent l'amour), mais puisque « dans ma famille on n'épouse pas les gens de... », un jeune homme ou une jeune femme se retrouve contraint d'abandonner à contrecœur celui ou celle que sa conscience avait choisi(e). Avec la douleur atroce qui en résulte. Certains demeurant d'ailleurs marqué à vie par le traumatisme de ces séparations forcées et artificielles.
Martin Hongla aurait pu se contenter de dire : « Non, ma femme n'est pas Bams ». Or la précision : « On n'épouse pas les filles Bams dans ma famille », en plus d'être totalement inutile, est profondément stupide. Ici, il indique sans le savoir que dans sa famille, le rejet du « Bams » est enseigné dès le berceau, et sans qu'on ne sache réellement pourquoi. Les enfants n'ont pas la possibilité de découvrir par eux-mêmes s'ils sont compatibles ou non avec un partenaire Bamiléké, puisque la famille a déjà décidé à leur place. Et alors qu'on aurait pu se dire que cette posture découle d'une volonté de préserver une « identité » ou une « culture bassa » vis-à-vis de toutes les autres, on se rend vite compte que ce rejet est orienté vers une seule tribu en particulier. Comme une sorte de rancune personnelle, dont il faut sérieusement interroger les origines.
Car on a fait la même remarque sur le terrain politique. En effet, outre Jacques Fame Ndongo (dorénavant ministre du Tribalisme supérieur) ou encore la député Marlyse Douala Bell (qui demandait à son « fils » Salomon Beas ce qu'il fait « dans les choses des Bamiléké »), on a entendu l'ex vice-premier ministre Amadou Ali dire en 2009 au diplomate américain Janet Garvey que jamais le Grand Nord ne porterait un pouvoir Bamiléké à Étoudi. C'est dans le même ordre d'idées que le colonel Jean Lamberton, commandant des troupes françaises au Cameroun, estimait déjà dans son discours de mars 1960 que le Cameroun s'engageait vers l'indépendance avec dans sa chaussure « un caillou bien gênant », à savoir (comme par hasard, encore une fois) les Bamiléké. Il réfléchira même sur les possibilités de « résolution » du problème Bamiléké, évoquant notamment l'éventualité d'un… génocide.
Au regard de tout ceci, on ne peut que confirmer que le tribalisme au Cameroun fut une construction progressive, s'étalant sur tous les étages de la société. Aujourd'hui, on le retrouve dans toutes les tribus contre toutes les tribus, ça va de soi. Néanmoins, le tribalisme anti-Bamiléké est sans aucun doute le plus décomplexé, le plus criard, le plus ouvert, le plus politique, le plus affirmé. C'est celui que tout le monde brandit en public sans la moindre gêne, ni le moindre recul, ni le moindre bégaiement. Un acharnement aussi curieux que désolant, qui fait dire à Maurice Kamto en 2018 devant le Conseil constitutionnel : « Faut-il un concours pour être bulu ? ». Car manifestement, si l'on n'est pas du socle granitique, on est d'office un sous-Camerounais, intelligible à Étoudi.
Chose curieuse, les mêmes qui vous disent aujourd'hui : « Martin Hongla n'a rien dit de mal », sont exactement ceux qui criaient au tribalisme en 2018 lorsque le leader du MRC posait cette question ô combien opportune. Et c'est à ce niveau qu'on quitte la science pour entrer en sorcellerie.
En bref : et parce que « la bêtise insiste toujours ». Comme le disait Albert Camus dans "La Peste" en 1947, les tribalistes vont continuer à clamer qu'il n'y a « rien de tribaliste » dans les propos de Martin Hongla. Dans la foulée, ils vont se persuader que j'ai été « payé par les Bamiléké pour les défendre ». Car ainsi fonctionnent nos nazis locaux : comme je l'ai écrit plus haut, le tribalisme est un monstre fabriqué par des monstres pour cacher leur propre monstruosité.
Le discernement et l'amour pour la justice sont des concepts étrangers à leur esprit. À force de réfléchir par l'estomac et le village, ils ont fini par se dire que tout le monde est prisonnier de cette pensée ethno-gastrique. Je suis contre le tribalisme sous toutes ses formes, qu'il vienne des Bamiléké, des Bassa, des Bulu ou des Fulbe. Et je me désole de voir que beaucoup de nos footballeurs investissent davantage dans leurs pieds que dans leur tête. Car un peu d'histoire aurait permis à Martin Hongla de comprendre qu'au cours des luttes d'indépendance, l'UPC ne faisait aucune distinction entre Um Nyobe (Nyong-et-Kelle), Ossende Affana (Lekie), Félix Moumié (Noun) et Ernest Ouandjié (Hauts-Plateaux).
Car il s'agissait de défendre l'intérêt national face à la domination extérieure, Le Napalm déversé par l'armée française pour tuer nos populations ne faisait évidemment aucune distinction entre les filles Bams, Bassa, Bulu, etc. De même, le maillot des Lions indomptables incarne la République dans son ensemble, et non une caste indienne, où, par principe, l'on ne se mélange pas.