• Calixthe Beyala n’aime pas les mensonges répétitifs des dirigeants
• Mais encore, l’écrivaine affirme que ses concitoyens sont dupes
• Elle a tout compris
La romancière camerounaise Calixthe Beyala n’est pas fière de son pays, « où tout se conjugue au futur et jamais au présent ». A ses yeux, les dirigeants n’ont rien à offrir au peuple, comme l’écrivaine franco-camerounaise l’affirme sur sa page Facebook.
Cameroun : le pays où tout se conjugue au futur et jamais au présent
Mon pays est étrange. Tout s’y conjugue au futur parce qu’il n’y a sans doute rien à donner au peuple. On les y fait rêver en des lendemains meilleurs. On leur fait miroiter des ciels en gratte, des autoroutes à mille voies, des écoles supersoniques, des hommes politiques plus propres que OMO.
Mon pays est si étrange que les hommes y croient dur comme fer qu’on jettera en prison des pilleurs des caisses de l’Etat qui se goinfrent depuis des lustres, on le leur a promis, n’est-ce pas ? Mes concitoyens pensent réellement qu’il y aura un remaniement ministériel qui fera venir à leurs sommets des hommes et des femmes intègres, qui honoreront le Cameroun de leur savoir et de leur moralité sans tâche.
Mes concitoyens se nourrissent de ces mensonges et leurs yeux brillent de mille feux de paille à s’imaginer ces prédateurs fauchés, rendant gorges, vomissant tout l’argent volé. Ils s’endorment en voyant circuler au-dessus de leurs lits épuisés, des routes bitumées lumineuses sous le soleil et qui s’entrecroisent avec des chemins de fer du troisième millénaire.
Et mes compatriotes y croient… à moins qu’ils ne fassent semblant d’y croire, car l’espoir fait vivre.
Calixthe Beyala n’est pas fière du Cameroun, elle donne les raisons
L’écrivaine franco-camerounaise Calixthe Beyala a fait une sortie dans laquelle elle recadre sèchement des comportements déplacés observés régulièrement dans la société. Elle n’y est pas allée de main morte.
Pour la romancière franco-camerounaise, née le 26 octobre 1961 à Douala, les choses sont à l’envers au Cameroun. Plus exactement, pour reprendre ses mots, le « Cameroun est un pays des valeurs inversées ».
L’auteure a du mal à comprendre pourquoi, dans son pays, « les prostituées sont des modèles ; on les affuble de jolis sobriquets. Les vieillards sont des jeunes, on nous dira qu'ils ont la force de l'âge. Les voleurs sont les forces vives de la nation, et les intellectuels contestataires des terroristes dont l'objectif caché est de renverser le pouvoir en place ».
L’écrivaine poursuit en disant que « les personnes dont on nous vante les qualités sont souvent les pires médiocres et les hommes brillants des gens à abattre. Au Cameroun, il faut apprendre à toute lire à l'envers ; on va opposer l'élève à son illustre professeur, l'ouvrier au créateur d'entreprise, l'intellectuel à l'aboyeur sur les réseaux sociaux ».
Tout le monde dans le même panier
« Au Cameroun, n'importe qui peut insulter n'importe qui d'autre, hasarder une comparaison malheureuse. Mongo Beti sera mis au même niveau qu'une maison préfabriquée ou une poubelle réaménagée. Même les traditions partent à vaux l'eau ; les hommes en costumes et cravates s'habillent de raphia et prétendent qu'ils sont des initiés ; les chefs traditionnels sont nommés, au lieu d'être sacrés », regrette Calixthe Beyala.