C'est une première dans l'histoire du Cameroun qu’un Délégué Général de la Sureté Nationale soit malmené en justice pour une affaire de passeport. Martin Mbarga Nguele, "tout puissant" Délégué Général de la Sûreté Nationale du Cameroun est traîné devant le tribunal de première instance de Yaoundé Centre administratif par l'artiste Camerounais Valsero de son vrai nom Gaston Abe Abe. L’artiste accuse le patron de la police camerounaise de non délivrance de son passeport et voie de fait administrative (Irrégularité manifeste portant atteinte au droit de propriété ou à une liberté publique commise par l'administration dans une opération matérielle d'exécution).
C'est ce qui ressort de l'assignation adressée le 13 septembre dernier à Martin Mbarga par l'huissier de justice Me Raphaël Ebode pour le compte de Valsero. En effet, comme des millions de Camerounais qui attendent en vain la délivrance de leurs pièces personnelles, Valsero quant à lui attend le renouvellement de son passeport depuis un an que cela est arrivé à expiration. En date du 31 octobre 2022, l'auteur de "Lettre au Président" a sollicité la délivrance de son passeport ordinaire auprès de l'ambassade du Cameroun en Italie. L'ambassade à son tour lui a exigé certaines pièces et les frais de délivrance du document qu'il a pris la peine de régler. Un numéro d'enregistrement ainsi qu'un récépissé lui ont été remis. Sauf que depuis lors, pour des raisons inconnues, son passeport n'est toujours pas délivré. Malgré plusieurs relances auprès de la Délégation Générale de la Sûreté Nationale, silence radio. Rien n'est fait jusqu'ici.
C'est donc pour cette raison qu'il a saisi la justice pour trancher cette affaire. À l'issue de la plainte de Valsero, l'huissier de justice Me Raphaël Ebode a assigné Martin Mbarga Nguele le 13 septembre dernier à comparaître devant le procureur du tribunal de première instance de Yaoundé Centre administratif, statuant en matière civile et référé. La première audience était prévue hier jeudi 28 septembre 2023. Mbarga Nguele, qui méprise visiblement la justice ne s'étant pas présenté. L'affaire a été renvoyée au 5 octobre prochain.
Cette plainte de Valsero ne doit pas être perçue comme une simple action judiciaire. Mais également comme une action militante digne d'un éveil de conscience. D'une excitation mentale et psychologique qui interpelle les Camerounais enfermés dans la peur et la psychose. Le message est clair. Vous pouvez oser. C'est votre droit.
C'est dire que Valsero vient de passer un signal fort aux autorités camerounaises qui ont pris en otage les pièces personnelles des millions de Camerounais engloutis dans l'inaction.